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Le point du LOL.

Pas plus tard qu’il n’y a pas longtemps, affairé à pérégriner sans but sur l’internet, j’ai fait un constat que je qualifierais de spectaculairement clairvoyant.

Chez l’internaute jeune et branché, tout énoncé un peu LOL comporte un point final, définitif, sans appel. Un point qui insiste, à l’instar de l’impassibilité faciale chez l’Anglais pince-sans-rire, sur l’ironie de l’affirmation ci-ponctuée.

That is really a pretty silly walk.

Du type:

« La pédophilie est la faute des enfants sexys. »

Alors qu’on attendrait plutôt un point d’exclamation, qui viendrait assurer au lectorat et à la justice des hommes qu’on est bien dans le domaine de l’humour et non dans l’apologie du tripotage contraint de prépubères. Eh bien non. Le point final est là pour laisser planer ce doute affreux, rigole-t-on, rigole-t-on pas.

C’est, à mon sens, s’adresser à l’intelligence de son lectorat que de laisser planer ce doute-là. (Et je sais, quant à moi, avoir un lectorat particulièrement fin et pénétrant, en tout cas suffisamment pour ne pas se laisser prendre à ce genre de basses flatteries destinées à le fidéliser à grands coups de cirage de là à là.)

Ainsi le point, que les Anglais nomment parfois “dot” comme s’ils voulaient marier leur fille, devient de fait point du LOL (je viens de l’inventer), c’est-à-dire point(e) d’ironie, comme il y a des points d’honneur, des points Godwin ou des points éphémères (rien à voir).

Sur Twitter, par exemple, toute mini-biographie un peu coolos prend forcément la forme d’une affirmation absurde et péremptoire ponctuée d’un point final. Comme ici, ici, , ou , ou encore et ici (je triche, le dernier c’est bibi. Est-ce à dire que je suis un internaute jeune et branché ? L’HISTOIRE JUGERA.)

Alors que dans l’absolu, on pourrait très bien s’en passer de ce point final-là, il est vraiment mis uniquement pour faire joli. C’est donc un POINT DU LOL.

Sur l’internet, on opposera volontiers le ponctueur pondéré, avare en points d’exclamations et généreux en allusions piquantes (BIEN), au ponctueur frénétique, qui parachève gaiement tous ses mails/statuts facebook/messages twitter d’une jungle exclamative (PAS BIEN).

Façon: « La pédophilie est la faute des enfants sexys !!!!!!!!! »

On attend, on guette d’une seconde à l’autre le «lol mdr XD», qui, chez le frénétique du point d’exclamation, appuie grassement la vanne. Un peu comme le Tonton rigolo qui, à la fin des fêtes de famille, jalonne ses allusions grivoises de clins d’oeil extrêmement ringards.

Voilà, l’abus du point d’exclamation, c’est toute la ringardise d’un Tonton rigolo bourré.

Desproges l’a dit mieux que moi:

Le goût, enfin, que nous avons gardé pour la bonne bouche, c’est bien le moindre hommage à lui rendre, peut être considéré comme le plus distingué des cinq sens. Au reste, il fait généralement défaut chez les masses populaires où l’on n’hésite pas à se priver de caviar pour se goinfrer de topinambours ! On croit rêver !! C’est pourquoi je fous tout à coup des points d’exclamation partout alors que, généralement, j’évite ce genre de ponctuation facile dont le dessin bital et monocouille ne peut qu’heurter la pudeur.
Pierre Desproges, Dictionnaire superflu à l’usage de l’élite et des bien nantis

Le point d’exclamation est une ponctuation facile, tout est dit.

Ce n’est pas un hasard si son abus est souvent recensé chez le Kévin.

(Le Kévin est une figure bien connue de l’internet. Le Kévin est adolescent, a une syntaxe approximative et ne dispose d’aucun second degré. Le Kévin a un skyblog criard et apprécie les Dédipix. Parents, n’appelez JAMAIS votre enfant Kévin. Kévin is the new Régis – qui était un con, rappelons-le.)

De même, je n’aime pas trop les voleurs, les fils de pute et les gens qui foutent partout des points de suspension tronqués (ou des points finaux dédoublés, je n’ai jamais vraiment su), un peu comme si je n’osais pas trop finir ma phrase.. Mais que je voulais quand même la finir.. Que j’hésitais.. Tout en insupportant vilainement mon lectorat.. Qui aimerait savoir si c’est pas bientôt un peu fini bordel à cul.. HAN CHOISIS MIEUX TA PONCTUATION, MANGE TES MORTS ET CESSE DE NOUS LES BROUTER.

(Mais je m’emporte.)

N’est-ce pas quelque peu nazi de ma part (bam ! Point Godwin), n’est-ce pas quelque peu nazi de ma part, disais-je, que de séparer arbitrairement les ponctueurs pondérés des ponctueurs pas pondérés, vouant une admiration aux premiers et les seconds aux gémonies ? (ceci, mon bon Kévin, est un zeugme. Tu m’en copieras dix pages.)

J’m'en vas t’le dire bien rondement: NON.

C’est juger bien vite son prochain, oué ok, mais c’est le prochain qui a commencé aussi. La mauvaise ponctuation me pique les yeux, comme l’after-shave du jeune requin en costard me pique les narines matutinalement dedans les couloirs du métropolitain.

Et ce qui vaut pour la ponctuation vaut pour l’orthographe. On va pas jouer les ‘Nard Pivot arc-boutés sur notre Bescherelle, mais si tu me piques les yeux de tes phrases à la syntaxe approximative, je risque de vouloir à mon tour qu’on te pique. Oui, la piqûre. Comme aurait fini Fifou, le chien que je n’ai jamais eu car j’étais allergique et que de toutes façons je préfère les chats.

(Auxquels je suis allergique itou.)

Oui, je sais. Tout le monde gnagna pas la chance gnégné études supérieures gnigni échec scolaire gnougnou pauvreté misère Restaus du Coeur. Ca va, hein, sur internet je ne vois que ta manière d’écrire, c’est un peu ta carte de visite, comme ton apparence extérieure dans la vraie vie du dehors, alors si tu ne respectes pas mes yeux, pourquoi voudrais-tu que je te respecte ? (Oué je dénonce.)

Revenons au point du LOL.

C’est quand même curieux cette épidémie de points finaux chez l’internaute branché. Un peu comme s’il cherchait à tout prix à se distinguer de la masse des Kévin, et à être reconnu des Loleurs select. Parlerais-je de «Ponctuation ostentatoire» pour faire zizir à Pierrot Bourdieu? Eh bah oui, rien à fout’, je suis un déglingo un peu.

Je finirai ce billet en y mettant, comme de raison, un joli point final.

L’ayatollah du like

Il y a quelque temps, une amie m’a qualifié d’« ayatollah du like ».

Sous-entendu, « ayatollah de la fonction “like” sur Facebook ».

Thumb up!

Une fonctionnalité qui, en un clic, permet de signifier à tous vos contacts que vous souscrivez sans réserve à l’image, la vidéo ou la phrase qui vient d’être postée ; voire même qu’elle vous a fait vous gondoler comme une bonne grosse baleine.

(Admettons, pour les besoins de la démonstration, que les baleines se gondolent — y compris les bonnes grosses.)

Et une fonctionnalité qui, en sus, prend la forme d’un pouce levé vers le haut. Mouais. Comme aux plus sombres heures des jeux du cirque où le gladiateur vaincu attendait, tremblant dans sa petite slipette, qu’on lui signifie sa grâce ou son arrêt de mort.

Je te préviens, j’ai une posture très tranchée concernant le like sur Facebook.

(Il faut savoir être un bloûgueur engagé.)

Depuis l’introduction de ce petit mécanisme début 2009, je n’ai pas honte de le dire, je ne m’en suis JAMAIS servi.

Oui, JAMAIS.

Alors que le poke un peu, c’est vrai, au début.

*** C’EST VENDREDI SAINT, VOICI UN COURT INTERMÈDE AVEC JÉSUS ***
Salut les kids, c'est Jésus.
*** C’ÉTAIT VENDREDI SAINT, C’ÉTAIT UN COURT INTERMÈDE AVEC JÉSUS ***

Pourquoi une telle intransigeance ?

Demanderas-tu, affable lectorat, car tu aimes bien liker des vidéos de chats de temps en temps.

Car le like, vois-tu, c’est:
1. la mort de la nuance.
2. la mort de la vanne.
3. un troisième argument quasiment irréfutable.

C’est la mort de la nuance, car Facebook nous enferme dans un schéma “j’aime/j’aime pas”, alors que bon, moi j’aime bien hiérarchiser un peu les choses, compliquer, pondérer, barioler. Par exemple le bonheur c’est pas “je suis heureux” ou “je suis malheureux”, y’a des stades intermédiaires bordel.

Ah ! Facebook a fait de nous des monstres manichéens, le bien OU le mal, le blanc OU le noir, la fellation OU la sodomie.

(Comme si c’était inconciliable.)

Et c’est la mort de la vanne, car le like n’est pas un geste réfléchi. Une pression de doigt suffit, un peu comme avec l’arme nucléaire quoi (“Dites-moi, M. le chef d’Etat-major, qu’est-ce qui se passera si j’appuie sur ce gros bout… – krrrrrrrrrr – END OF TRANSMISSION”).

Je dis non.

Je dis révolution.

Au lieu de liker, désormais, réfléchis à la vanne que tu pourrais faire à la place. Pouffe de ta répartie cinglante, puis poste-la.

D’ailleurs, si tu as seulement ri et que tu n’as rien à rajouter, pourquoi ne pas laisser comme commentaire: “J’ai ri. Je n’ai rien à ajouter.”

Tu y gagneras une réputation de joyeux(se) noceur(se), on s’arrachera ta présence et tes bons mots, puis on tentera probablement de te faire l’amour sous la contrainte. Enjoy.

Mon bon lectorat, viens, rejoins-moi dans cette lutte pour l’élégance, la gouaille et le bel esprit. Car bientôt, la fonction like de Facebook sera étendue à tout le oueb.

Horreur, apocalypse, fin du monde. Mahmoud likes this.

Mahmoud likes this.

« Like: l’ayatollah durcit sa position
-Aïe aïe aïe, gémit l’ayatollette.
 »
Inspiré de Pierre Desproges, Fonds de tiroir (1990).

Posté le: avril 2nd, 2010
Catégorie: Eurêka
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Des effets du “(1)” de l’inbox sur le rythme cardiaque

Procédons, si tu le veux bien, à une petite expérience scientifique.

Installe-toi bien confortablement.

Mieux que ça, allons.

Mais détends-toi un peu, t’es une boule de nerfs là ! Allez, on ferme un peu les yeux, on oublie tout, on respire profondément.

Là, lààà. On est dé-ten-du. Détendu.

Voilà, c’est bien mieux, n’est-ce pas ? Bon, on y va.

Tu es prêt(e) ?

Vous avez (1) nouveau message.

Ne nie pas, ton coeur de lectorat émotif a palpité.

Le coeur, un viscère bien utile.

Bam bam.

L’espace d’un instant, ton cerveau d’internaute a vu le symbole “(1)” ; et il l’a mécaniquement associé à la question: « Qui qui donc m’écrit un bien joli courrier électronique ? »

Déclenchant une réaction physiologique bien normale, la petite chamade, liée au besoin de se préparer à l’inattendu, au danger, ou à l’interaction sentimentale (amitié, amour, envie de défenestrer son prochain).

Qui n’a jamais attendu fébrilement un message électronique, en actualisant son mail/facebook/twitter avec une certaine frénésie et la touche F5 ?

Emotion comparable à celle ressentie naguère par nos parents en ouvrant leur boîte aux lettres au bout du jardin. Ou nos aïeux en décachetant un courrier scellé à la cire.

« Ton coeur bat-il toujours à mon seul nom ? »
Paul Verlaine, Les Fêtes Galantes, 1869.

« Va crever, vieux dégueu. »
Arthur Rimbaud, Bang bang he shot me down, 1873.

Te rends-tu compte, affable lectorat, du pouvoir que possède sur ton esprit cette simple combinaison de symboles ?

DEUX PARENTHÈSES, UN CHIFFRE.

Ça t’accroche l’oeil dès que tu les croises sur le oueb. C’est pavlovien, voilà, tu as été préconditionné par des années passées sur internet.

Ce n’est pas grave, rassure-toi.

C’est la conséquence des milliers — je pense que ça se compte en milliers pour la plupart d’entre nous — d’emails, de messages privés (« MP » sur les forums), de messages inbox (sur Facebook) ou de direct messages (« DM » sur Twitter) envoyés, reçus, osés, regrettés depuis l’émergence de l’internet 56k Tiscali qui faisait ce bruit-là.

Il y eut d’abord les forums.

Avec une petite fenêtre pop-up qui t’annonçait qu’on t’avait envoyé un message privé. Le symbole “(1)” n’était pas encore de la partie ; il était en gestation puisque c’est bien ton attention qu’on cherchait à attirer avec ce pop-up.

Tiens, sans doute boris93vivelepsg qui m'écrit.

Puis il y eut Facebook et ses fameux “inbox”.

Dans la première version du site, le “(1)” trônait en bonne place dans la barre supérieure. Une première révolution le transforma en vilain rond bleu clair autour du 1 (voir figure ci-dessous), et personnellement je ne m’en suis jamais remis.

On notera que par effet de métonymie, on s’est mis à désigner le contenu (messages) par le contenant (inbox, littéralement, la “boîte de réception”). Ptet c’était plus facile à dire. Ptet aussi c’était pour distinguer l’e-mail classique du message facebook.

Vous avez (66) nouveaux messages.

Puis il y eut Twitter et son fameux “DM”, synonyme de privauté, d’intimité et de dragouille éhontée.

Séduction et élégance, leçon n°1.

(Au passage, HOMMAGE.)

Et même les boîtes mail s’y sont mises. Ainsi, lorsqu’on reçoit un mail sur Gmail, le service de messagerie de Google, c’est une nouvelle fois le symbole “(1)” qui est mobilisé.

Et merde j'ai oublié de rapporter les bouquins à la biblio.

Ce “(1)”, on le retrouve désormais un peu partout, à commencer par les aggrégateurs de flux genre Netvibes. Il devenu un symbole compréhensible par tous, une convention, comme un smiley en somme.

Tout ça pour dire quoi ?

Tout ça pour dire que la nouvelle version de facebook, en nous privant du “(1)”, nous a privé tout à la fois d’une douce chamade et d’une madeleine de Proust, et qu’à ce titre, elle est vraiment toute pourrie.

(Pute borgne.)

Le rabbin Safari, le pasteur Chrome et l’imam Firefox

Adopter un navigateur internet, c’est comme professer une religion.

Six jolis navigateurs, dont un décédé.

Votre choix n’est pas anodin, tas de païens 2.0 ; il détermine in fine (placer un peu de latin en italique ne nuit jamais) votre Salut sur internet.

Car oui, votre Salut.

Bien sûr, comme pour toutes les religions, vous êtes prédéterminés par (l’ordinateur de) vos parents. Mais après, sitôt que vous avez l’âge de choisir à quel saint vous vouer et à quelle chapelle émarger, y’a plus d’excuse, faut assumer là maintenant.

(En fait je ne sais pas si on peut vraiment “émarger” à la chapelle. Parfois on s’y signe, c’est un début.)

De rapides statistiques de fréquentation de ce bloûg sur les sept derniers jours, merci de vos visites tas de fripons, nous indiquent que:

  • 51,5% de toi, sémillant lectorat, utilise Firefox.
  • 30,3% de toi, pétulant lectorat, se sert d’Internet Explorer (non, ce n’est pas sale).
  • 12,1% de toi, bouillonnant lectorat, est adepte de Safari.
  • Un peu plus de 3% de toi, frétillant lectorat, a adopté Google Chrome.
  • Et une proportion sensiblement égale de toi, espiègle lectorat, fricote avec un “Mozilla Compatible Agent”, type Flock.
  • Je n’ai hélas pas la ventilation de ces données en catégories socio-professionnelles, âges et couleurs de sous-vêtements. La seule chose que je peux te dire, c’est qu’il y a eu parmi toi un coquinou qui est arrivé sur ce bloûg en recherchant les mots-clés “Priscilla nue”, et qui a dû être dépité velu.

    Passons, si tu le veux bien.

    (Fringant lectorat.)

    À notre Théologie Simplifiée des Navigateurs Internet (TSNI), puisque c’est pour cela que nous sommes réunis ici, mon très cher frère.

    Je précise à toutes fins utiles que l’idée de ce billet m’est apparue en rêve sous la forme d’un ange étincelant, qui tenait dans sa main droite un livre d’Umberto Eco et dans sa main gauche une tablette iPad affichant cette subtile métaphore.

    Attention amis puristes: ce qui suit est hautement schématique et par conséquent sujet à mauvaise foi (et quand je dis mauvaise foi je pèse mes mots).

    Au commencement était Mosaic, patriarche façon Abraham qui a popularisé le monothéïsme/worldwideweb.

    De lui descendent la plupart des navigateurs, comme le montre ce bel arbre généalogique – à ouvrir sous Opera, sous les autres vous aurez du mal à zoomer sur cette image en .svg.

    Netscape

  • Séduits par cette belle idée (un seul Dieu universel au lieu d’une foultitude de divinités spécialisées/un seul réseau mondial au lieu d’une foultitude de réseaux locaux), les fidèles commencèrent à se convertir. Et c’est ainsi que naquit Netscape, le navigateur des premiers internautes.

    Portant la Révélation parmi un petit cercle d’initié, ce peuple élu, que je qualifierai de complètement judaïque, vivait dans l’attente du Messie, à savoir l’internet mondial de masse.

    Mais après une période de monopole religieux, ils furent débordés par l’essor d’un monothéïsme nouveau et à visage souriant.

  • Internet Explorer

  • Car naquit en 1995 (an 0 de notre cyber-ère), toujours de la souche Mosaic, Internet Explorer (IE). Qui lui, est notoirement chrétien, voire catholique. Et s’opposa longtemps à Netscape, présenté comme un navigateur déicide, avant de lui damer le pion.

    Construit à but missionnaire, IE devait conquérir le plus de fidèle possibles et présentait un internet imagé, coloré, cathédrale emplie de grandes cérémonies pleine d’encens et de cantiques. Le www devenait user friendly et cessait d’être un truc de geek. Alors on vit fleurir maintes “pages persos” criardes, façon “le site internet de la famille Dupont” où les photos de labrador à langue alanguie trônaient en bonne place.

    Le dogme était figé, décidé d’en haut par un pontifex maximus (Bill Ier) depuis son palais de Redmond et périodiquement retouché à la marge. Les fidèles ne pouvaient que suivre et étaient sommés d’avoir une confiance aveugle dans leurs intercesseurs avec le divin.

    Son logo n’est d’ailleurs pas sans évoquer la première lettre du mot Eglise et sa couleur, le bleu, est traditionnellement associé à la Vierge Marie.

    Notons que, résolument opposé au préservatif (verrous de sécurité), IE favorisait le développement des infections virales. Mais l’Eglise Crosoftique s’en moquait, elle dominait le marché et gagnait de nouveaux croyants en convertissant du barbare (novice de l’informatique) à tour de bras.

    Avec 96% des croyants dans son giron, l’Eglise Crosoftique ne vit pas venir le schisme et cessa toute innovation sur IE entre 2001 et 2006 – soit plusieurs siècles à l’échelle du oueb.

  • Firefox

  • Firefox, variante musulmane, en profita pour émerger. A l’inverse d’IE, Firefox ne présentait pas de théologie venue d’en haut: les textes étaient là, certes (transmis au prophète Mozilla), mais chaque communauté était libre d’en interpréter les sourates à sa convenance.

    Cette religion était syncrétique: le moteur de Netscape (Gecko), des idées prises à IE, et rajoutait son lot d’améliorations (onglets, modules) qui favorisèrent son essor, au début parmi des peuples nomades de l’internet, puis chez le grand public.

    Les imams multiplièrent les exégèses, créant plusieurs écoles de pensée (Flock, SeaMonkey, Camino, IceWeasel…), et ce fourmillement favorisa l’esprit missionnaire et conquérant de cette religion.

    Là encore le logo est éclairant: c’est le seul navigateur où le globe terrestre soit représenté. Le globe, et donc les cinq continents. Qui rappellent les cinq piliers de l’islam, mais oui, et ce n’est pas du tout du tout tiré par les cheveux hein.

    Le choc était inévitable, et la Croisade fut mise sur pied pour défendre les lieux saints. Cet affrontement est d’ailleurs toujours en cours, puisque Firefox taille régulièrement des croupières à IE.

  • Safari

  • Quid du peuple élu des premiers temps du oueb? Il survécut sous forme de diaspora, avant de peut-être de se reformer et se reconstituer dans son opposition à IE, avec Safari et sa variante kabbalistique, Konqueror.

    Safari, dont le nom rappelle à la fois “séfarade” et “séphiroth” , a longtemps été réservé aux seuls utilisateurs de Mac. Eux seuls avaient droit au salut dans la foi safarique, faite de l’immuabilité des traditions Apple (design épuré, fidélisation de la communauté des croyants) et de différenciation (souhaitée ou subie) avec le reste de l’humanité.

    Même constat pour le logo: une étoile s’y dissimule, même si les esprits chagrins, oh il s’en trouve toujours, voudront n’y voir qu’une bête rose des vents.

    Quant à Konqueror, c’est une version développée pour l’environnement KDE de Linux, il rappelle la Kabbale (notons la récurrence du K) en ce que les lignes de codes, bon, c’est pas à la portée du premier venu (même si justement, KDE est un environnement bureau plus “user friendly” que bien d’autres distributions).

    Mettons que Konqueror, c’est la Kabbale version Madonna quoi.

  • Chrome

  • Dans cette cosmologie déchirée aux quatre vents, Google a tenté le coup de la Réforme avec Chrome. Et vas-y que je te brûle ma bulle papale, et vas-y que je réinterprète à ma sauce le www, et vas-y que je lutine un peu ma bourgeoise (mais la lumière éteinte).

    Car avec l’Eglise Chromique Réformée, on est clairement dans un schisme bien bien luthérien, voire calviniste.

    Austère. Glacé. Efficace. La grâce divine ne se mesure qu’à l’aune de la rapidité de chargement des pages, et qu’importe si tu aimais bien tes jolis petits modules Firefox bien pompeurs de bande passante: LES PREMIERS CROYANTS N’EN AVAIENT PAS BESOIN, EUX. Non mais. Revenons aux fondamentaux.

    (Cela étant, on peut quand même personnaliser un peu Chrome, c’est le revers de la médaille d’être une Eglise réformée et anticentralisation: y’a plein de petites sectes qui émergent.)

    Chrome, c’est la prédestination dans toute sa splendeur: à ceux qui abandonnent l’Eglise Crosoftique, ils connaîtront le salut et la béatitude qu’offre tout un panel d’applications web-based (logiciels utilisables via un navigateur, sans installation). Car il est écrit que les incroyants, la putain de Babylone et ces salopards de transubstanciateurs replets n’auront à terme plus droit de rêver à ce paradis plein de nimbes, de nues et d’anges asexués quoique dodus (baptisé “CLOUD COMPUTING”. Coïncidence ? M’étonnerait.)

  • Opera

  • Reste Opera. Il est pénible, Opera, c’est pas un navigateur “abrahamique” (c’est-à-dire “mosaïcien”): il descend pas des autres navigateurs, il n’est pas schismatique, il est juste là quoi.

    Et il est innovant – peut-être le plus innovant de tous.

    Pour maintenir la stabilité interconfessionnelle, nous nous contenterons donc de cette brève observation: OPERA EST HÉRÉTIQUE ET, PAR CONSÉQUENT, MÉRITE DE BRÛLER EN ENFER.

    Point.

  • Attention amis puristes: tout ce qui vient d’être dit est complètement bousculé par l’émergence des navigateurs mobiles, sorte d’Apocalypse au sens de “Révélation”. Certains survivront, d’autres périront, mais tous ne seront pas sauvés. Bien fait pour ces losers.

    Je conclurai en t’invitant, lectorat fidèle à tel ou tel culte, à ne pas te tromper d’icône sur ton bureau.

    Alors, mon très cher frère, avec la cohorte des hiérarchies angéliques, nous pourrons nous écrier, bras ouverts, coeur en joie et face tournée vers le Seigneur:

    « O Browser, where art thou ? »

    (Amen.)

    Posté le: février 8th, 2010
    Catégorie: Eurêka
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    On va faire chialer dans les chaumières, Coco

    (Voire même dans les chaumines, y’a pas de raison.)

    Tous les soirs, à l’heure où la soupe clapote à gros bouillons sur la gazinière, il est de bon ton de compatir au malheur d’autrui.

    Voilà pourquoi David Pujadas ou Laurence Ferrari prennent un air concerné pour égrener les avis d’obsèques d’alpinistes imprudents, de Proche-Orientaux-qui-faisaient-leur-marché-quand-badaboum et autres petits garçons impubères enlevés et violés dans le Nord-Pas-de-Calais.

    Une photo de Laurence et David où personne n'est gagnant

    J’ai donc choisi, charitable lectorat, de dresser aujourd’hui une petite liste des Ingrédients nécessaires aux émotions médiatiques.

    Car enfin, pourquoi parle-t-on plus du charcutage opératoire d’un chanteur à barbiche que de la mort de milliers de petits Darfouris le ventre gonflé de malnutrition ?

    Question d’émotion, Coco. Mâme Michu veut du sang, elle veut du poil, mais elle veut avant tout que ça meure/viole pas trop loin de chez elle.

    (Histoire d’avoir des compassions sanitairement acceptables. Rapport aux maladies, tout ça.)

    Les variables à prendre en compte pour une bonne histoire d’ouverture du 20 heures, quelles sont-elles ?

    • Proximité

    Ah oui, ne viens pas m’emmerder avec trois Birmans qui se touchent la nouille le jour où un jeune se fait poignarder dans son collège de Seine-Saint-Denis. Une bonne histoire, elle pourrait arriver à Monsieur Lambda en bas de chez lui.

    C’est le fameux ratio morts/kilomètres : 50 morts au Nigeria, c’est une brève en fin de rubrique ; 50 morts en France c’est six jours de “Une” dans tous les journaux.

    • Célébrité

    Un bon vieux fait divers n’en est que plus piquant si en plus l’un des protagonistes est une célébrité. Exemple, les tribulations judiciaires de Roman Polanski. Ou le meurtre de Katia Lherbier et Géraldine Giraud, fille de l’acteur Roland Giraud. Ou la mort de Marie Trintignant (deux célébrités, double jackpot).

    • Barbarie

    Aaaah nous y voilà. Si y’a viol, si y’a torture, si y’a des détails salaces et/ou choquants, bah ça fait le tour de la planète. Façon Natacha Kampusch ou Josef Fritzl. Ou Michel Fourniret. Ou Marc Dutroux.

    • Fanatisme

    Extrême-droite, terrorisme, religion ou secte, tout ce qui peut amener à jouer les kamikazes est bon pour l’audience.

    • Période des fêtes

    Fait pas bon tuer quelqu’un dans une période où l’actualité est creuse.
    Et fait vraiment pas bon le faire quand en plus les téléspectateurs, gavés d’huîtres et de foie gras, sont enclins à faire des papouilles à leur prochain et à vouloir résoudre la faim dans le monde en donnant au Téléthon.

    • Civils-qui-passaient-par-là

    Un militaire qui cane, c’est, mettons, dans l’ordre des choses. Mais pas la mort de mères de familles éparpillées par une explosion à l’heure de faire les courses, ou l’enlèvement de touristes occidentaux, ces gens à sandales et sac banane qui ne demandent qu’un peu de délassement annuel dans leur morne quotidien de contribuables. D’où l’émotion générée par les catastrophes naturelles, type séïsme ou tsunami.

    • Collègues journalistes

    Avouons-le, entre journalistes on est assez corporatistes: quand on voit un collègue dans la panade à l’autre bout du globe, on en parlera plus volontiers que si c’était un simple dentiste de province.

    Et pis quand Machin part jouer les centaures au Bazoukistan, il fait ça pour vous informer, tas d’ingrats, alors poupougne.

    • Enfance

    Petit enfant = gros titre. Point.

    Conséquence, en suivant cette logique, LE MEILLEUR FAIT DIVERS DU MONDE serait:

    L’enlèvement, le viol et la torture à mort de la petite chanteuse Priscilla, perpétrés le jour de Noël à Tourcoing par une secte de journalistes vénérant Jordy, puis le suicide de milliers de fans transis de désespoir.

    Priscilla sourit vous en faisant un bras d'honneur.

    Quelqu’un la prévient du risque qu’elle court, la pauvrette ?

    (Cela dit, finir dans Faites entrer l’accusé, c’est une manière comme une autre de faire son come-back médiatique.)

    L’édifiante et irréfutable théorie de “l’envie de pipi”

    (Ou plus simplement,  de « l’urgence du besoin mictionnel comme fonction de la proximité géographique des gogues ».)

    Salut c'est Marcel Duchamp

    Après des années de recherches fébriles et d’expériences sophistiquées, d’espoirs radieux vite douchés (et je pèse mes mots) par d’acides désillusions (et je les repèse), je suis en mesure de dévoiler les conclusions que l’empirisme le plus opiniâtre a su arracher, pied à pied, aux arcanes de la Création.

    Car !

    Distingué lectorat.

    Aujourd’hui, là, maintenant, pour ne pas dire incontinent (et je n’ai jamais autant pesé mes mots), j’ai très très envie de te parler d’urinoir.

    Plus précisément: du besoin métabolique qui nous pousse souventes fois par jour à aller faire pissou.

    Et pour rendre les choses plus didactiques, cette théorie dite “de l’envie de pipi” (TDEP) te sera expliquée, avec maints exemples et force maquettes aimantées, par le truchement de FREDÉJAMY de l’émission C’est pas sorcier.

    Salut c'est Marcel Duchamp

    Dans le duo FREDÉJAMY, Fred, c’est plutôt le candide, le baroudeur, le mec qui se pose plein de questions, qui va sur le terrain, qui met la main à la pâte, les pieds dans le plat et le reste où ça lui chante, hein, ça nous regarde pas tant que tout le monde est pubère.

    Et Jamy, c’est plutôt celui qui a des lunettes.

    (Comme dans le journalisme, un peu. Y’a les enquêteurs et pis y’a les agenciers. D’un côté l’acharnement, de l’autre la rigueur. Quand on arrive à exceller dans les deux, en général les confrères vous décernent un prix et Maman pleure à chaudes larmes. C’est la consécration. On dit alors que ça s’arrose.)

    Retrouvons nos deux amis pour une bien innocente saynète.

    La scène se passe dans le camion de Marcel. Intérieur jour, maquettes à la con un peu partout.

    FRED, se balançant d’un pied sur l’autre comme un danseur de polka:

    Jamy, j’ai super mal au ventre, je crois que j’ai envie de pipi.

    JAMY, blasé:

    Va crever.

    Passons rapidement sur la rupture qui semble couver entre nos deux compères et pourrait même mener, dès le prochain “mercato télévisuel”, à une recomposition croisée de deux couples d’animateurs en fin de course: Fred et Charly d’un côté, Jamy et Lulu de l’autre.

    FREDÉCHARLY:
    Fred et Charly
    JAMYÉLULU:
    Jamy et Lulu

    Non, ce qui nous intéresse ici, c’est l’étrange angoisse qui semble étreindre le coeur de Fred à l’idée que le camion soit dépourvu de latrines.

    Écoute bien, ça se complique là.

    Énoncé de la TDEP:
    « L’envie d’uriner en milieu urbain se ressent avec d’autant plus d’acuité que le chiotte référent (celui du chez soi) s’éloigne géographiquement, et ce même si la zone parcourue regorge de lieux publics d’aisance. »

    Justification de la TDEP:
    Attention, on parle bien de ressenti, là. Le ressenti de l’envie d’uriner est plus fort hors du logis que dans le logis, voilà, c’est un fait. On se plaint très rarement d’avoir envie de pisser lorsqu’on est chez soi. En général on se lève et on fait ce que doit.
    L’angoisse de la vessie trop pleine est donc une angoisse qui culmine chez le touriste en pays étranger: comment faire comprendre à tous ces sauvages dont certains, si ça se trouve, n’aiment pas la blanquette de veau, qu’on est en quête de petit coin ? Et ce même si, en toute logique, chaque magasin, chaque restau, chaque station service comporte FORCÉMENT son chiotte.
    L’angoisse de la vessie trop pleine est donc une peur irrationnelle que l’Homme, dans sa lutte pour la survie, tente d’atténuer par des stratégies (plus ou moins) rationnelles, ainsi que nous l’allons voir tout de suite.

    Corollaires de la TDEP:

    • Lorsqu’on évolue en zone de mauvaise couverture chiottesque (« Merde ça capte hyper mal ici, j’ai que deux cuvettes. »), le ressenti de l’envie, insoutenable, pousse à maximiser toute halte dans un havre transitoire, sur le mode : « atta, atta, je vais aux toilettes ici, je sais pas si j’en trouverai après. » C’est la Maximisation du vidage.
    • Lorsqu’on est chez soi, avec des toilettes toutes proches, à disposition, offertes, bah on attend d’être bien gorgé pour sortir de dessous sa couette dedans le froid, parce que bon, tout de suite ou dans cinq minutes, ça change pas grand chose, autant que je finisse mon chapitre/film/ébat amoureux avec mon (ou ma) partenaire de vie. C’est la Maximisation du remplissage.

    On constate à l’évidence que la miction n’est pas l’acte instinctif et populacier qu’on a bien voulu nous décrire.

    Oh ça non.

    Nenni, tiens, même.

    C’est un acte réfléchi, qui repose sur une stratégie consciente ou inconsciente, bonne ou mauvaise, laquelle tend vers un seul But, un unique Grand Dessein, l’Accomplissement de toute une vie : avoid to wet your panties.

    Allez hop, en voiture Marcel.

    « TOILETTES. Vous ne viendez plus chez nous par hasard. »

    “Allons s’en jeter un p’tit au Marigny” (théorème)

    C’est une constante.

    Vous pouvez aller dans n’importe quelle ville de France, de Navarre ou de Bas-Berry, il y a forcément un bar-tabac qui porte ce nom.

    Le bar-tabac Le Marigny de Morangis

    (Comme ici, à Morangis, riante bourgade de l’Essonne qui, dixit Wikipédia, “bénéficie d’un climat océanique dégradé aux hivers frais et aux étés doux”.)

    Forcément, vous dis-je.

    Cherchez bien, scrutez les devantures, arpentez les rues de la soif de long en large. Puis en zig-zag, parce que hein, ce serait ballot de mourir avec un foie en parfaite santé.

    Or oyez, or oyez, je me propose aujourd’hui de faire de cette constante un théorème.

    Ah oui, avec moi pas de chichis.

    Soyez attentifs :

    Théorème de la Nomenclature Bar-Tabaquesque :
    « Toute ville de taille respectable (c’est-à-dire non inférieure à celle de Clermont-Ferrand, mère de toutes les villes de taille respectable) se doit d’avoir un bar-tabac ou un hôtel-restaurant que le patron a jugé très original d’appeler “Le Marigny”. »

    Et des bars “Le Marigny”, y’en a une flopée, pas qu’à Morangis : à Clermont, à Bordeaux, à Lille, à Paris, et même à Thaon-les-Vosges.

    C’est dire.

    (Les pages jaunes m’en indiquent quinze rien qu’en Île-de-France. Un jour il faudrait tous se les enchaîner.)

    Cette caractéristique qui ne manquera pas de nous esbaudir. En effet, on peut concevoir que tout patelin ait son “Hôtel de la gare” ou son “Bar de la mairie”, étant donné que tout patelin a une gare voire une mairie. Sinon, et ne soyez pas de mauvaise foi, ce n’est plus un patelin, c’est un lieu-dit, un hameau, un bled, un trou. C’est Triffouillis-sous-Cambrousse, c’est Perpète-la-Cramouille.

    En revanche, on ne peut pas concevoir que tant d’établissements s’intitulent “Le Marigny” alors même qu’ils ne sont même pas sis rue de Marigny ou place de Marigny, comme de raison.

    Enigme ! Ténèbres ! Bystère et moule de gobe.

    Pour expliquer cette étrange récurrence, j’émettrai plusieurs hypothèses complètement débiles:

    1. Tous ces cafetiers sont des fans inconditionnels de l’acteur Jean-Claude Drouot, l’inoubliable Thierry la Fronde, qu’on a revu en 2005 incarnant le chauve et bedonnant Enguerrand de Marigny dans Les Rois Maudits version Josée Dayan/TF1/La Française de Carton-Pâte.
      Enguerrand et sa chimio
    2. Tous ces cafetiers font partie d’une secte dissidente du Raëlisme qui fait de Robert Hossein le chef des Elohims et qui assimile sa scène parisienne, le Théâtre Marigny, au nouvel Eden cosmique.
      Robert 'comment?' Hossein
    3. Tous ces cafetiers sont originaires de l’une des 19 localités françaises baptisées “Marigny”, comme Marigny-le-Cahouët (nom prédestiné à l’apéro) en Côte-d’Or, ou Marigny-Brizay (dont le nom, prédestiné itou, rappelle étrangement la Marie Brizard).
      Un petit dernier pour rincer
    4. Tous ces cafetiers ont des parents enterrés au cimetière militaire allemand de Marigny (Manche), là où reposent 11 000 soldats de la Wehrmacht fauchés par l’opération Cobra en 1944. Mmhh. Des parents. Moui. Disons-le tout net: Maman devait fricoter avec du vert-de-gris en quarante, et pis c’est tout – ce qui expliquerait, a posteriori, le crâne chauve de Jean-Claude Drouot.
      Cimetière de Marigny
    5. Tous ces cafetiers savent confusément que François Ier a gagné une bataille en 1515, mais en situent mal l’endroit.

    Ah, Dieu merci, il reste encore des mystères à éclaircir dans ce siècle froid où la science à gants stériles a tué la poésie et les champignons cutanés.

    PS: Ce billet est la resucée d’une première version rédigée jadis ; mais enfin si not’président le fait pour ses discours, j’voyons point pourquoi j’le ferions pas itou.

    P-PS: Le saviez-vous ? Not’président a fait 59,33% à Morangis en 2007. C’est officiel: tout est la faute des Morangissois.

    PP-PS: Quant à ma théorie de l’envie de pipi, ce sera l’objet de ma prochaine bafouille. Retiens-toi jusque là.

    Posté le: novembre 17th, 2009
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    Des ipsonymes, et de mon admission à l’Académie

    Attention, ce billet n’est pas un billet sur la lambada.

    Dans l’espoir un peu fou d’être un jour admis dans quelque communauté savante, quelque académie érudite, voire certain colloque où l’on picole à l’œil en se goinfrant de pain-surprise, j’ai élaboré de nombreuses théories.

    Bébert réinvente l'eau tiède

    Notamment ma théorie dite de “l’envie de pipi”.

    Ou, plus scientifiquement, de “l’urgence du besoin mictionnel comme fonction de la proximité géographique des gogues”. Théorie qui a été validée par plusieurs sommités dont les vessies, gage de compétence, sont elles-mêmes très très régulièrement gorgées.

    Je te la détaillerai très prochainement, ne crains rien.

    J’ai aussi pondu un théorème sur la nomenclature des bars-tabacs, au sujet duquel je compte bien recycler ici un ancien truc que j’avais écrit (moyennant un “+A, +C, +V” éhonté dès mon prochain billet).

    Mais aujourd’hui, j’aimerais soumettre à tes lumières ma “brève théorisation des ipsonymes” (à mes souhaits).

    Oui, c’est un mot inventé.

    J’en conviens.

    Tu noteras néanmoins, Monsieur/Madame l’esprit fort, que “circonflexions” est lui-même un mot inventé – qui pis est un mot-valise. Et que jusqu’ici je t’ai pas beaucoup entendu chouiner à ce propos. Alors merci bien, et reprenons.

    Qu’est-ce qu’un ipsonyme ?

    “Ipsonyme” comporte le préfixe latin ipse, “même”, comme dans “ipso facto”, et le suffixe “-nyme”, très joli également.

    (Comme disait Desproges.)

    J’entends par là les mots qui sont ce qu’ils signifient, qui sont en tant que mot ce qu’ils désignent. Ptet y’a déjà un mot inventé pour ça, mais on s’occupera d’unifier les théories plus tard les enfants, la science n’attend pas.

    Par exemple, le mot “mot” est un mot. Le mot “nom” est un nom. Dans l’expression “un adjectif épithète”, “épithète” est une épithète. (Ouaaaaaaaah.)

    Et ça va au-delà de la simple nature ou fonction grammaticale : l’adjectif “court” est un mot plutôt court, par exemple. “Jambage” dispose de deux jambages, “altitude” est tout en hauteur, “polysyllabique” fonctionne parfaitement. Imbécillité est crétin: il prend deux L alors qu’imbécile n’en prend qu’un et que deux “L” suivant un “I”, ça fait le son “yeu” et pas “leu”. Sans parler de “dégueulasse”, qui évoque “dégouliner” et “dégueuler” tout à la fois.

    Une lectrice au fond à gauche, que je devine astucieuse et volontiers dégourdie, aura noté qu’”ipsonyme” est lui-même un ipsonyme. (Et la boucle, aussi bien que ladite lectrice aux cheveux fous, est bouclée.)

    C’est dont bien biau cette mise en abyme du mot, comme ça, pour déconner.

    Mais il y a mieux : il y a les ipsonymes subjectifs.

    Par exemple, personnellement, je trouve que “joli” est un très joli mot. Qu’”hurluberlu” est très très extravagant. Que “moche” n’est pas très beau à l’oreille, qu’”acre” produit une sensation désagréable dans la gorge, qu’”arrondir” est rond en bouche et que “fracasser” est d’une prononciation heurtée.

    C’est sans doute fait exprès cela dit ; M. Vaugelas avait oublié d’être un con.

    Mmhh.

    Avec tout ça, je ne doute pas que le fauteuil n°29 de l’Académie (celui de Cloclo Lévi-Strauss) me revienne sous peu.

    Je l’inaugurerai par un discours sur l’admirable résistance au lavage du denim.

    Posté le: novembre 16th, 2009
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