News for décembre 2009

“Just say: bon voyage”

2008 fut l’année de la cuite.

2009 oscilla entre année de la meuf et année de la teuf — sans vraiment choisir son camp d’ailleurs.

2010, c’est sûr, sera l’année d’une vaste opération « Let’s Leave Paris ».

Ah bé oui carrément hein.

Disposant officiellement des meilleurs amis du monde, j’ai reçu comme cadal d’anniversaire un compte dans une agence de voyages.

Décollage immédiat

Histoire d’aller voir de plus près quelque lointain pays. Et puis m’en revenir, plein d’usage et raison, vivre entre mes parents tout ça tout ça.

(Les meilleurs amis du monde, je te dis.)

(Mmmh.)

(À moins que ces enfoirés ne veuillent se débarrasser de moi.)

Reste à définir la destination ; et là je ne te cache pas que je suis indécision. À l’origine, ma petite chimère c’était l’Amérique du Sud. Un vaste endroit où les jeunes filles courent nues sous leurs ponchos et, surtout, où il y a des lamas.

*** Circonflexions présente: SERGE LAMA, BERNARD LAMA ET UN LAMA ***

Serge Lama, Bernard Lama et un lama

*** Circonflexions vous a présenté: SERGE LAMA, BERNARD LAMA ET UN LAMA ***

Oui, mais ça c’était avant que je me rende compte que j’ai un cousin à Ottawa, un autre dans le Maine, une amie à Mexico, une autre en Équateur, une troisième à Johannesbourg et une collègue de téléachat à Montréal.

Dilemme ! Abîme !

Et pis d’ailleurs, où aller en Amérique de le Sud ? L’Argentine tient pour l’instant la corde, mais ne me l’a pas encore passée au cou. Car le Chili de haut en bas (ou de bas en haut) ça me plaît assez comme concept, par exemple.

Raaah mais les Balkans, aussi, ça me dirait bien. La Scandinavie m’ensorcelle. L’aire slave m’envoûte. Le Proche-Orient m’emballe.

Bienveillant lectorat, tu l’auras compris: je suis homme de lubies.

Comme a priori je l’envisage en solitaire, il faut qu’il y ait un concept à ce voyage, un prisme, une belle histoire. De quoi habiller un peu la réalité toute nue.

Réenchantons nos vies rabougries, que diable.

Pasque partir pour partir, ça manque de storytelling. Non, il faut partir “sur les traces de quelque chose”. Un peu comme Barney, le geôlier d’Hannibal Lecter dans la tétralogie de Thomas Harris, qui rêvait de voir toutes les œuvres de Vermeer avant de mourir. En voilà un bon concept.

Alors faute d’inspiration immédiate, faisons dans le participatif.

Si tu as des conseils, des recommandations, des super idées à me soumettre, bah tu me laisses un petit commentaire, tu m’envoies un petit mail, et beaucoup d’angelots joufflus te le rendront au centuple.

Je te promets même, car je suis pas chiche, une carte postale de là-bas.

All aboard, c’mon, join Team Zissou.

«Goodbye, Steve.
—Don’t say that, even if it’s true. Don’t say that. It’s too painful.
—What do you want me to say?
—Just say: ‘bon voyage’.
—Bon voyage. »
The Life Aquatic With Steve Zissou (2004)
Aboard with team Zissou

E Mare Libertas (toi aussi fonde une principauté)

Sur l’échelle de la coolitude, être prince d’une principauté se pose là.

Recherché par les meilleures sociétés, coqueluche des jolies dames, le prince de principauté fait tout comme en se jouant.

« Il est toujours avantageux de porter un titre nobiliaire. Être de quelque chose, ça pose un homme, comme être de garenne, ça pose un lapin », écrivait Alfonse Allais, qui gâchait son petit effet en arborant à tout propos un désespérant canotier.

Alphonse Allais et son canotier

Hélas, il se trouvera toujours quelque grincheux pour vous contester la rutilante prothèse d’état-civil que vous aurez usurpée.

Surtout si vous vous prétendez “Gégé Grimaldi de Monaco” ou “Frédo, prince du Vatican”.

(Ça risque de se voir.)

Pour autant, l’homme du monde devrait-il renoncer à jouir du clinquant prestige de porter particule ? Les exemples de René des Musclés (R.I.P.) ou de Filip des 2B3 (R.I.P.) nous enseignent que non. Leurs décès, étrangement consécutifs, laissent d’ailleurs penser qu’on leur a fait payer cette audace mais je n’en dis pas plus, la vérité éclatera un jour et les têtes tomberont.

Aussi, plutôt que de passer vos dimanches à regarder le foot ou tricoter des chandails, je vous invite à consacrer vos loisirs à la fondation d’une principauté.

C’est ce qu’a fait l’éminent Roy Paddy Bates, ancien major de l’armée de Sa Très Gracieuse Majesté, en fondant Sealand.

Sealand - Les Rough Towers

Précisons en préambule que Roy Paddy Bates, ancien major de l’armée de Sa Très Gracieuse Majesté et ex-prince de Sealand désormais à la retraite, serait un proche du vicomte Philippe Le Jolis de Villiers. Je n’ai pas vérifié, c’est Viquipédia qui nous l’indique.

Une information, bien sûr, à prendre avec des pincettes de conditionnel.

Mais à part un copain présumé du potentat de Vendée et un ancien major de l’armée de Sa Très Gracieuse Majesté, qui est donc Roy Paddy Bates, prince retraité de Sealand ?

La question est excellente et je te remercie.

Cher lectorat.

De me l’avoir posée.

Roy Paddy Bates, ou Paddy Roy Bates, on trouve les deux, est un ancien animateur de radio pirate, façon “Good Morning England“.

Il fait un temps brumeux, ce matin de décembre 1966, quand l’ami Paddy et des copains s’installent sur la plate-forme militaire désafectée de Rough Towers, au large des côtes anglaises. Un genre de Fort-Boyard-sans-Père-Fourras édifié après 1940 dans les eaux internationales, et censé protéger l’estuaire de la Tamise d’éventuelles incursions nazies.

(Car en leur temps, les nazis incursionnaient beaucoup. Polonais et Bretons en gardent un souvenir ému.)

Ni une, ni deux, Paddy, qui a pris auparavant l’avis de jurisconsultes pour vérifier que la plate-forme échappe bien au droit britannique, déclare l’indépendance de l’endroit, sous le nom de “Sealand”, et s’en proclame prince régnant.

CLASSOS.

Après quoi, il la dotera d’une constitution, d’un gouvernement, d’un hymne, d’une monnaie, d’un drapeau, d’une devise latine (“E Mare Libertas“, “À partir de la mer, la liberté”) et même d’armoiries en bonne et due forme.

Blason de la principauté de Sealand

Armes qui se blasonnent: “Tiercé en barre, de gueules, d’argent et de sable”. C’est fou.

COÏNCIDENCE: les Rough Towers ont été construites sur un banc de sable, puis conquises par un ancien militaire fort en gueule, qui a résisté à un assaut de la Royal Navy, à un vaste incendie ou encore à une tentative de putsch interne de la part d’un ancien copain, et cette microprincipauté de 550 m2 pourrait rapporter pas mal d’argent au prince héritier, Michael, fils de Son Altesse Roy Paddy, si quelqu’un daigne la racheter.

Car Sealand, oui-da, était, aux dernières nouvelles, à vendre.

Une bien belle idée-cadeau-pour-les-fêtes-de-fin-d’année, admets-le.

Petit tour du propriétaire.

Joli, hein.

D’autant que la Grande-Bretagne, semble-t-il, préfère tolérer un bien inoffensif État fantoche au large de ses côtes plutôt que d’en faire un martyr sous l’œil des caméras étoutétout. Comme on les comprend.

Sealand est un exemple parmi d’autres.

Citons notamment la principauté de Hutt River, sur la côte ouest de l’Australie. Ou Seborga, en Italie, et son charismatique “Prince Giorgio Ier”, ex-fleuriste du village, autoproclamé en 1963 et plébiscité par ses concitoyens par 304 voix contre 4.

Des micronations autoproclamées, y’en a un paquet. Sans parler de toutes celles qui, simples utopies, ne revendiquent aucun territoire précis et ont fleuri en marge d’internet, ce vaste minitel mondial ouvert à toutes les fantaisies libertaires.

Des chercheurs, comme cet universitaire québécois (article très intéressant ma foi), se sont même penchés sur ce phénomène des micronations autoproclamées, dont la Toile a accéléré la médiatisation… et donc la multiplication.

C’est assez amusant, au final, de voir comment une potacherie de hippies chevelus peut déboucher sur une situation diplomatique intenable, où des Etats constitués n’ont aucun moyen d’interdire ces Etats d’opérette en leur sein… car engager une lutte (juridique ou militaire), ce serait leur offrir la reconnaissance dont ces derniers rêvent.

Belle revanche de la poésie sur le réel, n’est-ce pas Giorgio ?

-”SI, È VERO.”

Son Altesse Giorgio Ier, prince de Seborga

Posté le: décembre 23rd, 2009
Catégorie: Pêle-mêle
Tags: , , , , , , , , , ,
Commentaires: 2 Comments.

L’édifiante et irréfutable théorie de “l’envie de pipi”

(Ou plus simplement,  de « l’urgence du besoin mictionnel comme fonction de la proximité géographique des gogues ».)

Salut c'est Marcel Duchamp

Après des années de recherches fébriles et d’expériences sophistiquées, d’espoirs radieux vite douchés (et je pèse mes mots) par d’acides désillusions (et je les repèse), je suis en mesure de dévoiler les conclusions que l’empirisme le plus opiniâtre a su arracher, pied à pied, aux arcanes de la Création.

Car !

Distingué lectorat.

Aujourd’hui, là, maintenant, pour ne pas dire incontinent (et je n’ai jamais autant pesé mes mots), j’ai très très envie de te parler d’urinoir.

Plus précisément: du besoin métabolique qui nous pousse souventes fois par jour à aller faire pissou.

Et pour rendre les choses plus didactiques, cette théorie dite “de l’envie de pipi” (TDEP) te sera expliquée, avec maints exemples et force maquettes aimantées, par le truchement de FREDÉJAMY de l’émission C’est pas sorcier.

Salut c'est Marcel Duchamp

Dans le duo FREDÉJAMY, Fred, c’est plutôt le candide, le baroudeur, le mec qui se pose plein de questions, qui va sur le terrain, qui met la main à la pâte, les pieds dans le plat et le reste où ça lui chante, hein, ça nous regarde pas tant que tout le monde est pubère.

Et Jamy, c’est plutôt celui qui a des lunettes.

(Comme dans le journalisme, un peu. Y’a les enquêteurs et pis y’a les agenciers. D’un côté l’acharnement, de l’autre la rigueur. Quand on arrive à exceller dans les deux, en général les confrères vous décernent un prix et Maman pleure à chaudes larmes. C’est la consécration. On dit alors que ça s’arrose.)

Retrouvons nos deux amis pour une bien innocente saynète.

La scène se passe dans le camion de Marcel. Intérieur jour, maquettes à la con un peu partout.

FRED, se balançant d’un pied sur l’autre comme un danseur de polka:

Jamy, j’ai super mal au ventre, je crois que j’ai envie de pipi.

JAMY, blasé:

Va crever.

Passons rapidement sur la rupture qui semble couver entre nos deux compères et pourrait même mener, dès le prochain “mercato télévisuel”, à une recomposition croisée de deux couples d’animateurs en fin de course: Fred et Charly d’un côté, Jamy et Lulu de l’autre.

FREDÉCHARLY:
Fred et Charly
JAMYÉLULU:
Jamy et Lulu

Non, ce qui nous intéresse ici, c’est l’étrange angoisse qui semble étreindre le coeur de Fred à l’idée que le camion soit dépourvu de latrines.

Écoute bien, ça se complique là.

Énoncé de la TDEP:
« L’envie d’uriner en milieu urbain se ressent avec d’autant plus d’acuité que le chiotte référent (celui du chez soi) s’éloigne géographiquement, et ce même si la zone parcourue regorge de lieux publics d’aisance. »

Justification de la TDEP:
Attention, on parle bien de ressenti, là. Le ressenti de l’envie d’uriner est plus fort hors du logis que dans le logis, voilà, c’est un fait. On se plaint très rarement d’avoir envie de pisser lorsqu’on est chez soi. En général on se lève et on fait ce que doit.
L’angoisse de la vessie trop pleine est donc une angoisse qui culmine chez le touriste en pays étranger: comment faire comprendre à tous ces sauvages dont certains, si ça se trouve, n’aiment pas la blanquette de veau, qu’on est en quête de petit coin ? Et ce même si, en toute logique, chaque magasin, chaque restau, chaque station service comporte FORCÉMENT son chiotte.
L’angoisse de la vessie trop pleine est donc une peur irrationnelle que l’Homme, dans sa lutte pour la survie, tente d’atténuer par des stratégies (plus ou moins) rationnelles, ainsi que nous l’allons voir tout de suite.

Corollaires de la TDEP:

  • Lorsqu’on évolue en zone de mauvaise couverture chiottesque (« Merde ça capte hyper mal ici, j’ai que deux cuvettes. »), le ressenti de l’envie, insoutenable, pousse à maximiser toute halte dans un havre transitoire, sur le mode : « atta, atta, je vais aux toilettes ici, je sais pas si j’en trouverai après. » C’est la Maximisation du vidage.
  • Lorsqu’on est chez soi, avec des toilettes toutes proches, à disposition, offertes, bah on attend d’être bien gorgé pour sortir de dessous sa couette dedans le froid, parce que bon, tout de suite ou dans cinq minutes, ça change pas grand chose, autant que je finisse mon chapitre/film/ébat amoureux avec mon (ou ma) partenaire de vie. C’est la Maximisation du remplissage.

On constate à l’évidence que la miction n’est pas l’acte instinctif et populacier qu’on a bien voulu nous décrire.

Oh ça non.

Nenni, tiens, même.

C’est un acte réfléchi, qui repose sur une stratégie consciente ou inconsciente, bonne ou mauvaise, laquelle tend vers un seul But, un unique Grand Dessein, l’Accomplissement de toute une vie : avoid to wet your panties.

Allez hop, en voiture Marcel.

« TOILETTES. Vous ne viendez plus chez nous par hasard. »

Des chiffres et des litres

Publication du bilan comptable de la dernière grosse soirée en date à la coloc du cœur (*) :

25 bouteilles, 34 canettes (précédente soirée: 19/53 ; consensus des analystes: 20/40).

Bouteilles et canettes

Commentaires:
Les bouteilles ont clairement surperformé le marché au 4e trimestre, affichant une croissance de 31,6%, à 25 unités consommées, soit un ratio de quasiment une bouteille par convive tous contenus confondus (vins, alcools forts, débouche-évier de type cognac transnistrien). Ce bon chiffre, bien supérieur aux attentes des analystes, permet de compenser le déclin du segment canettes (-35,8% à 34 unités), lequel a souffert d’une exposition moindre dans le frigo par rapport à la visibilité du bar façon “baignoire-remplie-de-glaçons” déployé lors de la précédente énorme teuf, en avril dernier.
L’activité sur le marché des binouses a également pâti d’un effet stock (11 canettes restées planquées dans un emballage de Schönbrau, la “bière blonde de luxe” de chez ED), ainsi que de bases de comparaison défavorables par rapport à la précédente teuf, organisée au plus fort de la crise et marquée par l’explosion du segment Houblon, valeur à bas coût privilégiée par les convives.

Perspectives:
Le segment des Vins et Spiritueux, grâce à un ratio quantité ingurgitée/degré de défonce extrêmement favorable, devrait continuer à croître sur la période, porté notamment par l’approche des fêtes de fin d’année, où chacun devrait y aller de sa petite bouteille de champ’ et/ou de son petit blanc liquoreux qui va bien.
Toutefois, les mauvaises performances de la division Brasserie ne doivent pas faire oublier que le marché des canettes devrait rebondir l’année prochaine à la faveur de la Coupe du Monde de football.

Loïs, colocataire et analyste chez La coloc du cœur Asset Management, a dit:
“Les gens ont beaucoup amené du vin en fait, pas trop de bières”.

La prochaine grosse soirée dedans la coloc du cœur devrait se traduire par la poursuite de ces tendances de fond, susceptibles de pousser les investisseurs à miser sur une valeur d’avenir comme le tire-bouchon, au détriment notamment du marché des décapsuleurs.

(*) La coloc du cœur c’est là ousque j’habite. C’est une colocation dans le sens où on est deux à payer le loyer, et c’est le coeur dans le sens où c’est complètement à-la-vie-à-la-mort. Et que j’ai le droit de coller ce que je veux sur les murs des toilettes. Même une photo WTF de Didier Barbelivien intime, en pantalon de velours rouge avec un juke box, des bagouses, un bibendum et l’air le plus aigri du monde.

Didier Barbelivien intime

Cette évocation de Didier “Avec-Nicolas-on-se-connaît-depuis-près-de-trente-ans” Barbelivien tombe à pic pour te prévenir, ami lecteur, que je vais recycler ici un passe-temps qui était mien il y a deux-trois ans: les nécrologies de personnalités pas mortes.