News for mars 2010

Une amourette suédoise

« Hur mår du », comme on dit en Suède.

Lectorat indiscret, je sais que tu aimes les belles histoires d’amour.

Mais là, ce que je m’apprête à te conter, c’est une historiette inachevée, bancale et sans autre intérêt qu’anecdotique. Par bonheur, il ne s’est jamais agi de sentiments dans cette affaire ; et par bonheur, il y a prescription.

Cette histoire, c’est L’HISTOIRE DE TORUN.
(sous-titre: une romance Krisprolls à l’ère du 2.0)

Salut on a carrément pompé le drapeau de Toulon.

(J’écris ça au présent de narration, hein, mais tout s’est passé en 2009. Quelle étrange année.)

C’est un soir de débauche comme Paris sait les abriter.

Je vais, avec quelques amis espagnols, promener ma jeunesse dans certain établissement de nuit.

Sur le coup de minuit, on décide d’en changer, et on se retrouve donc sur les grands boulevards pour rejoindre un autre bel endroit.

Chemin faisant, nous tombons sur un groupe de six-sept Suédois en goguette qui nous alpaguent en disant: “Nous allons à telle boîte, on est perdus, aidez-nous”.

Ce que nous faisons de bonne grâce, car nous allons nous-même audit lieu.

Chemin faisant, je discute avec Torun, l’une des filles les plus jolies qu’il m’ait été donné de rencontrer. Nous parlons fort (en anglais) et rions de même, qui en pouffant, qui en s’esclaffant.

Sitôt arrivés à la boîte, on rentre, puis on se fond dans la foule, chacun de son côté, et on se perd de vue.

La soirée passe.

Arrive l’heure de rentrer.

Dans l’entrée de la boîte, quelle n’est pas ma surprise de retrouver la piquante Torun posée à une table avec ses amis. La conversation se réengage, et, en fin stratège, je lui propose mon numéro de téléphone (FIN STRATÈGE JE VOUS DIS). Qu’elle accepte, en me disant néanmoins: “j’ai un numéro français, mais comme je suis en Erasmus pour six mois je ne m’en sers jamais, ajoute-moi plutôt sur Facebook”.

Jusqu’ici, rien de bien foufou, convenons-en.

La suite l’est bien plus.

Deux-trois jours après cette folle soirée placée sous le signe de la biscotte Krisprolls et de l’étagère Ikea, j’ajoute la demoiselle sur Facebook. C’est bien elle, joie, mais y’a marqué “In a relationship with Gustav Forsberg”. Ou “Bjorn Dahlund”, tout cela est tellement laid.

Bref, Chouchou est resté au pays à attendre que sa belle revienne d’Erasmus.

Soyons honnête, le cas de conscience ne fut pas bien long: j’envoyais quand même un petit message facétieux, que je concluais par une invite à aller prendre un verre, parce que bon, quitte à être à l’étranger, autant s’encanailler (et autant s’encanailler avec moi). Tant pis pour Bjorn.

Pas de réponse de Torun.

D’autant moins mortifié que la belle possède déjà un Jules (l’ego en conclut très logiquement qu’emprisonnée dans sa relation à distance, Torun n’a pas osé connaître l’ivresse des sens à la française, et l’ego écarte d’autres possibilités moins flatteuses), j’oublie le camouflet et rebondis avec l’agilité qu’on me connaît.

Un mois passe.

Puis deux.

Puis trois.

Autant vous dire que des biscottes Krisprolls ça fait très longtemps que je suis revenu aux Cracottes. J’ai même carrément zappé la princesse scandinave.

Quand soudain.

(Rupture dans l’intensité dramatique).

Un soir de juin dernier.

Je rentre de le travail sur le coup d’une heure du matin ; je me connecte sur l’internet histoire de louser un peu avant de dormir. Et là, STUPEUR.

Qui qui vient me parler sur le chat facebook ?

TORUN.

C’est qui Torun, déjà ?

Ah oui, la Suédoise de la boîte là.

Torun:
i am terribly sorry I didn’t dare to write you back

Bordel mais qu’est-ce tu viens me parler à une heure du matin un dimanche soir trois mois après, bougresse ? (pensé-je en mon for intérieur.)

S’ensuit une discussion surréaliste, où on reparle de tout et rien.

Et on rit à foison, encore une fois.

Sentant le coup fourré, ou le canular, j’appelle ma coloc à la rescousse, et nous tentons de démasquer la personne qui est derrière tout ça, en lui posant des questions auxquelles Torun est la seule à pouvoir répondre (liée à la discussion que nous eûmes naguère de visu in vivo et verbatim).

Bordel, elle répond, et avec justesse en plus.

(Donc c’est bien elle, il n’y a aucun doute là dessus.)

D’ailleurs son type d’humour très particulier mérite le détour, lectorat amusé:

Torun:
china has a new hitler, i’m sure about that one
Moi:
oh probabilities are on your side
Moi:
there must be a moustached chinese boy who has problems to bow the arm

L’intéressée, en sus, n’y va pas par quatre chemins: 

Torun:
that’s it
you’re working tomorrow?
Moi:
kind of, why ?
Torun:
we shoud meet for like 10 minutes!

Car j’avais un train pour Biarritz à 14h, et elle un avion pour la Suède à 17h. A savoir que là, c’était son dernier soir à Paris (TROP CHELOU DE LE PASSER SUR FACEBOOK), qu’elle avait un exam le lendemain matin, et qu’elle rentrait direct.

Peut-être s’est-elle dit qu’elle n’avait “jamais vraiment vécu”, que c’était “ce soir ou jamais” sous peine de “rater sa vie”, de ne pas “réaliser son rêve” et de ne “mériter qu’opprobre et dédain”.

En tout cas, elle me donne rendez-vous.

Je me perds en considérations: “Non mais c’est compliqué, et pis t’aurais dû m’appeler avant là, tu fais de la merde en me contactant le dernier soir ; bon ok ok on va voir alors”

(En résumé hein).

Elle me file son numéro de portable en me disant de lui envoyer un texto si finalement je me décide.

Torun:
let’s just say if you have any kind of intrest of meeting me for some minutes tomorrow , you’ll text me where and when i should be at what place. And then we’ll meet ok?

(On notera qu’on a bien papoté trois heures.)

DU COUP, ÉNORME YALTA AU SEIN DE LA COLOC.

-”Tu crois que je devrais y aller ? ça cache quoi ?”
-”Ouais franchement tente, ça coûte rien”
-”Bon ok”
(Je résume hein.)

J’envoie un texto, je lui donne rendez-vous à 11h à côté d’une petite adresse que je connais bien et où j’ai mes habitudes.

Et pis dodo quoi.

Le lendemain matin, à l’heure dite, personne.

Elle ne vient pas.

UN LAPIN SUÉDOIS.

J’appelle le numéro, je tombe sur une dame-qui-ne-capte-rien, donc visiblement ce n’était pas le bon.

(Fort heureusement, mon texto de la nuit était d’une rare décence.)

On n’a jamais vraiment su ce qui s’était passé ce matin-là.

Le mystère reste entier.

Plusieurs hypothèses coexistent:

  • Elle était pétée comme un coing et se sentait seule ce soir là avant de rentrer en Suède, et donc s’est mise à parler avec le petit Frenchie de service.
  • Elle se souvenait mal de son numéro de portable, et donc n’a pas eu mon texto, et donc n’est pas venue.
  • Bjorn 1, Faire-n’imp-avant-de-rentrer-en-Suède 0.
  • En tout cas, ça fait une bien belle anecdote à narrer.

    Et ça me donne une raison extrêmement esthétique de boycotter Ikea.

    (J’ai failli titrer: “une allumeuse suédoise”, pour le jeu de mots, mais je me suis abstenu au nom de la présomption d’innocence. J’espère recevoir les félicitations du Conseil constitutionnel.)

    Posté le: mars 17th, 2010
    Catégorie: Pêle-mêle
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    In bed with Circonflexions

    Cette nuit j’ai rêvé que j’écrivais un billet sur ce bloûg.

    C’était pas trop mal écrit d’ailleurs, j’en étais assez fier sur le moment je crois.

    Dormir sur le côté ça fait des traces de drap sur les joues.

    Sauf que.

    (Pas de bol.)

    Je ne me souviens plus de quoi que j’y causais.

    Mais alors plus du tout.

    Donc, mise en abyme: au lieu d’avoir un billet de bloûg, tu as un moignon de billet de bloûg pour te parler d’un autre billet qui ne verra jamais le jour.

    (Rien n’exclut d’ailleurs que, dans mon rêve, le billet dont je ne me souviens plus parle en fait d’un billet dont j’avais rêvé mais dont je ne me souvenais plus. Oué. Prends donc une aspirine.)

    Pour le reste, coquin de lectorat, t’as qu’à venir dormir avec moi, paraît que je rigole dans mon sommeil (j’ai ricané dans la nuit de vendredi à samedi).

    Posté le: mars 15th, 2010
    Catégorie: Pêle-mêle
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    Miscellanées

    Alors voilà, j’ai été pas mal occupé ces derniers temps.

    Oué désolé oué.

    Dans la plupart des bloûgs que les jeunes trouvent hyper branchés en ce moment, lorsque l’auteur/l’autrice/l’autiste n’a pas trop le temps de poster, il/elle commet un billet fourre-tout, tourbillon de phrases courtes et de points-virgules qui scandent toutes ses folles activités récentes.

    Activités qui l’ont, c’est ballot mais c’est entendu, empêché de poster.

    Le temps ça file ça file ma bonne dame.

    Dois-je céder à la facilité, vendre mon âme de tartineur sur l’autel de l’actualisation des flux RSS, point-virguler à mon tour pour te tenir en haleine, insatiable lectorat qui tant attend du neuf, de l’inédit, du croustillant façon biscotte Wasa ?

    Bon ok.

    (Mais c’est bien parce que c’est toi.)

    Ces deux dernières semaines j’ai vécu la nuit comme un vampire à cause des JO de Vancouver et de Nelson Monfort ; je suis allé voir Fantastic Mr. Fox que j’ai trouvé “Superb”, faut dire aussi que je suis féru des merveilles ciselées de Wes Anderson et des renards anthropomorphes ; j’ai au passage acquis le DVD de La Famille Tenenbaum et il faudra que je le regarde il paraît que c’est aussi bien que La Vie Aquatique ; toujours dans ma quête d’un bar-de-copains-à-Paris j’ai découvert un établissement assez sympa rue des Boulets, je compte y retourner un peu plus tôt que vers 2h du matin quand tout le monde est bourré et que le patron tente d’encaisser 33 mojitos auprès de quatre pauvres victimes (des amis à moi) car des margoulins se sont barrés sans payer ; dans ce bar d’ailleurs y’a une table splendide qui est décorée aux couleurs la pochette de l’alboume Gulag Orkestar de Beirut (voir figure 1.), ce qui ajoute à mon envie d’y retourner ; mon coeur est toujours une sorte de petit papillon chamarré, j’ai un bon mois d’avance sur le printemps ; je vais partir une semaine en Espagne fin mars, sur les terres de mes anciens exploits d’étudiant Erasmus (GRANADA) ; y’aura aussi une escale à Malaga pour aller à la mer, j’espère l’avoir mérité, j’ai pas eu de vraies vacances depuis septembre ; je suis allé voir Miam Miam, le dernier spectacle d’Edouard Baer, c’était délicieux il faudra que j’érige ici une petite statue en l’honneur de ce volubile personnage ; chic, le retour de l’hiver c’est dans plus de 300 jours ; vais partir en Irlande aussi en août prochain, brûlons la chandelle par les deux bouts de la vie de barreau de chaise ; j’ai arrêté de lire depuis deux semaines parce que je vivais la nuit, faut que je m’y remette là, les bouquins s’entassent sur ma table de nuit comme les congés-payés aoûtiens sur la plage du Grau-du-Roi ; fin du tourbillon de points-virgules.

    Et maintenant, la figure 1:

    (Figure 1.)