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L’édifiante et irréfutable théorie de “l’envie de pipi”

(Ou plus simplement,  de « l’urgence du besoin mictionnel comme fonction de la proximité géographique des gogues ».)

Salut c'est Marcel Duchamp

Après des années de recherches fébriles et d’expériences sophistiquées, d’espoirs radieux vite douchés (et je pèse mes mots) par d’acides désillusions (et je les repèse), je suis en mesure de dévoiler les conclusions que l’empirisme le plus opiniâtre a su arracher, pied à pied, aux arcanes de la Création.

Car !

Distingué lectorat.

Aujourd’hui, là, maintenant, pour ne pas dire incontinent (et je n’ai jamais autant pesé mes mots), j’ai très très envie de te parler d’urinoir.

Plus précisément: du besoin métabolique qui nous pousse souventes fois par jour à aller faire pissou.

Et pour rendre les choses plus didactiques, cette théorie dite “de l’envie de pipi” (TDEP) te sera expliquée, avec maints exemples et force maquettes aimantées, par le truchement de FREDÉJAMY de l’émission C’est pas sorcier.

Salut c'est Marcel Duchamp

Dans le duo FREDÉJAMY, Fred, c’est plutôt le candide, le baroudeur, le mec qui se pose plein de questions, qui va sur le terrain, qui met la main à la pâte, les pieds dans le plat et le reste où ça lui chante, hein, ça nous regarde pas tant que tout le monde est pubère.

Et Jamy, c’est plutôt celui qui a des lunettes.

(Comme dans le journalisme, un peu. Y’a les enquêteurs et pis y’a les agenciers. D’un côté l’acharnement, de l’autre la rigueur. Quand on arrive à exceller dans les deux, en général les confrères vous décernent un prix et Maman pleure à chaudes larmes. C’est la consécration. On dit alors que ça s’arrose.)

Retrouvons nos deux amis pour une bien innocente saynète.

La scène se passe dans le camion de Marcel. Intérieur jour, maquettes à la con un peu partout.

FRED, se balançant d’un pied sur l’autre comme un danseur de polka:

Jamy, j’ai super mal au ventre, je crois que j’ai envie de pipi.

JAMY, blasé:

Va crever.

Passons rapidement sur la rupture qui semble couver entre nos deux compères et pourrait même mener, dès le prochain “mercato télévisuel”, à une recomposition croisée de deux couples d’animateurs en fin de course: Fred et Charly d’un côté, Jamy et Lulu de l’autre.

FREDÉCHARLY:
Fred et Charly
JAMYÉLULU:
Jamy et Lulu

Non, ce qui nous intéresse ici, c’est l’étrange angoisse qui semble étreindre le coeur de Fred à l’idée que le camion soit dépourvu de latrines.

Écoute bien, ça se complique là.

Énoncé de la TDEP:
« L’envie d’uriner en milieu urbain se ressent avec d’autant plus d’acuité que le chiotte référent (celui du chez soi) s’éloigne géographiquement, et ce même si la zone parcourue regorge de lieux publics d’aisance. »

Justification de la TDEP:
Attention, on parle bien de ressenti, là. Le ressenti de l’envie d’uriner est plus fort hors du logis que dans le logis, voilà, c’est un fait. On se plaint très rarement d’avoir envie de pisser lorsqu’on est chez soi. En général on se lève et on fait ce que doit.
L’angoisse de la vessie trop pleine est donc une angoisse qui culmine chez le touriste en pays étranger: comment faire comprendre à tous ces sauvages dont certains, si ça se trouve, n’aiment pas la blanquette de veau, qu’on est en quête de petit coin ? Et ce même si, en toute logique, chaque magasin, chaque restau, chaque station service comporte FORCÉMENT son chiotte.
L’angoisse de la vessie trop pleine est donc une peur irrationnelle que l’Homme, dans sa lutte pour la survie, tente d’atténuer par des stratégies (plus ou moins) rationnelles, ainsi que nous l’allons voir tout de suite.

Corollaires de la TDEP:

  • Lorsqu’on évolue en zone de mauvaise couverture chiottesque (« Merde ça capte hyper mal ici, j’ai que deux cuvettes. »), le ressenti de l’envie, insoutenable, pousse à maximiser toute halte dans un havre transitoire, sur le mode : « atta, atta, je vais aux toilettes ici, je sais pas si j’en trouverai après. » C’est la Maximisation du vidage.
  • Lorsqu’on est chez soi, avec des toilettes toutes proches, à disposition, offertes, bah on attend d’être bien gorgé pour sortir de dessous sa couette dedans le froid, parce que bon, tout de suite ou dans cinq minutes, ça change pas grand chose, autant que je finisse mon chapitre/film/ébat amoureux avec mon (ou ma) partenaire de vie. C’est la Maximisation du remplissage.

On constate à l’évidence que la miction n’est pas l’acte instinctif et populacier qu’on a bien voulu nous décrire.

Oh ça non.

Nenni, tiens, même.

C’est un acte réfléchi, qui repose sur une stratégie consciente ou inconsciente, bonne ou mauvaise, laquelle tend vers un seul But, un unique Grand Dessein, l’Accomplissement de toute une vie : avoid to wet your panties.

Allez hop, en voiture Marcel.

« TOILETTES. Vous ne viendez plus chez nous par hasard. »