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Des ipsonymes, et de mon admission à l’Académie

Attention, ce billet n’est pas un billet sur la lambada.

Dans l’espoir un peu fou d’être un jour admis dans quelque communauté savante, quelque académie érudite, voire certain colloque où l’on picole à l’œil en se goinfrant de pain-surprise, j’ai élaboré de nombreuses théories.

Bébert réinvente l'eau tiède

Notamment ma théorie dite de “l’envie de pipi”.

Ou, plus scientifiquement, de “l’urgence du besoin mictionnel comme fonction de la proximité géographique des gogues”. Théorie qui a été validée par plusieurs sommités dont les vessies, gage de compétence, sont elles-mêmes très très régulièrement gorgées.

Je te la détaillerai très prochainement, ne crains rien.

J’ai aussi pondu un théorème sur la nomenclature des bars-tabacs, au sujet duquel je compte bien recycler ici un ancien truc que j’avais écrit (moyennant un “+A, +C, +V” éhonté dès mon prochain billet).

Mais aujourd’hui, j’aimerais soumettre à tes lumières ma “brève théorisation des ipsonymes” (à mes souhaits).

Oui, c’est un mot inventé.

J’en conviens.

Tu noteras néanmoins, Monsieur/Madame l’esprit fort, que “circonflexions” est lui-même un mot inventé – qui pis est un mot-valise. Et que jusqu’ici je t’ai pas beaucoup entendu chouiner à ce propos. Alors merci bien, et reprenons.

Qu’est-ce qu’un ipsonyme ?

“Ipsonyme” comporte le préfixe latin ipse, “même”, comme dans “ipso facto”, et le suffixe “-nyme”, très joli également.

(Comme disait Desproges.)

J’entends par là les mots qui sont ce qu’ils signifient, qui sont en tant que mot ce qu’ils désignent. Ptet y’a déjà un mot inventé pour ça, mais on s’occupera d’unifier les théories plus tard les enfants, la science n’attend pas.

Par exemple, le mot “mot” est un mot. Le mot “nom” est un nom. Dans l’expression “un adjectif épithète”, “épithète” est une épithète. (Ouaaaaaaaah.)

Et ça va au-delà de la simple nature ou fonction grammaticale : l’adjectif “court” est un mot plutôt court, par exemple. “Jambage” dispose de deux jambages, “altitude” est tout en hauteur, “polysyllabique” fonctionne parfaitement. Imbécillité est crétin: il prend deux L alors qu’imbécile n’en prend qu’un et que deux “L” suivant un “I”, ça fait le son “yeu” et pas “leu”. Sans parler de “dégueulasse”, qui évoque “dégouliner” et “dégueuler” tout à la fois.

Une lectrice au fond à gauche, que je devine astucieuse et volontiers dégourdie, aura noté qu’”ipsonyme” est lui-même un ipsonyme. (Et la boucle, aussi bien que ladite lectrice aux cheveux fous, est bouclée.)

C’est dont bien biau cette mise en abyme du mot, comme ça, pour déconner.

Mais il y a mieux : il y a les ipsonymes subjectifs.

Par exemple, personnellement, je trouve que “joli” est un très joli mot. Qu’”hurluberlu” est très très extravagant. Que “moche” n’est pas très beau à l’oreille, qu’”acre” produit une sensation désagréable dans la gorge, qu’”arrondir” est rond en bouche et que “fracasser” est d’une prononciation heurtée.

C’est sans doute fait exprès cela dit ; M. Vaugelas avait oublié d’être un con.

Mmhh.

Avec tout ça, je ne doute pas que le fauteuil n°29 de l’Académie (celui de Cloclo Lévi-Strauss) me revienne sous peu.

Je l’inaugurerai par un discours sur l’admirable résistance au lavage du denim.

Posté le: novembre 16th, 2009
Catégorie: Eurêka
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