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Salmigondis

Bonsoir, bonsoir à toi, affable lectorat,

Opération vérité aujourd’hui sur Circonflexions, puisque je m’en vas, l’épithète guilleret et le point-virgule sautillant, t’énumérer toute une série d’anecdotes (complètement) authentiques, (notoirement) truculentes et (potentiellement) divertissantes qui sont censées adoucir en toi le légitime courroux causé par mon silence de ces dernières semaines en justifiant à tes yeux scrutateurs mon absence façon « dispense d’EPS en classe de quatrième B », encore que, ma première phrase comportant déjà trois adverbes et plus d’une centaine de mots, ça peut s’avérer pas mal indigeste aussi, prépare-toi une petite tisane pour faire couler tout ça, genre fruits des bois, c’est bon ça, c’est ce que les Italiens, malgré tous leurs défauts, nomment joliment « Frutti di Bosco » alors que bon, nous autres marins faut pas nous prendre pour des trompettes, le bosco c’est pas la forêt mais le maître d’équipage (je plaisante en fait je ne suis pas marin, je ne suis pas capitaine, quoique POR TI SERÉ POR TI SERÉ.)

Ce billet s’intitule “Salmigondis” parce que le dernier du genre s’appelait “Miscellanées” et qu’au prochain écherra sans doute le titre “Olla-Podrida”. Je fais dans le cohérent vois-tu.

Jouons-la chronologique, si tu veux bien.

MAI 2010:

Le mois de mai fut une vaste féérie de ce jour-ci à ce jour-là ; entre les deux, on a fêté l’anniversaire de ma coloc et pour l’occasion je portais un brumisateur en bandoulière (immense succès d’estime) ; un anniversaire d’ailleurs repoussé parce que le jour initialement prévu madite coloc avait une grippe et moi une bronchite, et une telle simultanéité dans les pathologies n’eût pas manqué de semer le doute quant au caractère totalement dépourvu d’ambigüité de notre cohabitation quotidienne si, par bonheur, nous n’avions pas eu deux maladies différentes ; dans cet anniversaire on n’a pas atteint le consensus des analystes en terme de canettes/bouteilles descendues en une soirée, notamment en raison de la présence d’un invité déguisé en homme invisible via combinaison intégrale lycra qui l’empêchait de boire totalement à son aise ; vu qu’on le reconnaît pas du tout je ne résiste pas à l’envie de te lâcher une pix, eh ouais, je suis comme ça:

déguisement homme invisible

Tu admettras que ce déguisement est officiellement le meilleur déguisement du monde du mois de mai 2010, surtout le chapeau ; peu après, j’ai appris que l’absinthe pouvait parfois pousser à des sommets de témérité confinant au grandiose sur fond de traversée de Paris un dimanche à six heures du matin pour aller apporter des croissants à autrui (je te raconterai quand y’aura prescription) ; une absinthe venue d’Espagne, qu’en gens ignorants comme nous l’étions, en Apollinaires de pacotille, nous dégustions comme des sagouins, c’est-à-dire pure, sans eau ni sucre, je me déteste rien qu’à l’évoquer, mais bon sur le moment ça réchauffait et pis on faisait la grimace genre c’est hyper bon alors qu’en fait ça arrache genre dix fois plus qu’une Tête brûlée citron à la boulangerie où on allait à la sortie du collège ; entre-temps j’ai ri avec une fille qui a de l’humour ; puis je suis allé jouer les hôtes verbeux façon Edouard Baer lors d’une remise de prix à Bordeaux (équipé d’une cravate noire, car la cravate noire, c’est le respect du public) ; et sinon à la fin du mois nous allâmes au festival Primavera Sound de Barcelone et c’était bien la meilleure chose qui pouvait m’arriver au monde tellement il faisait beau, tellement la musique était coolos (mes petits préférés: Pavement et The Charlatans), tellement la bière était gratuite dans la zone VIP que mon statut de +1 m’avait permis de squatter bien illégitimement (MERCI COLOC) ; en outre la ville est jolie, je me suis baladé un peu tout seul, j’ai déambulé sans but, j’ai observé en rêvassant, suis monté au Parc Güell, bref j’ai jaugé les chances que cette ville aurait de me plaire, et par bonheur elle est à moitié en pente et les gens parlent castillan alors j’ai succombé ; d’autant que, le samedi où j’estions à Barcelone, en pleine terre catalane, l’ASM Clermont-Auvergne, club de louseurs patentés que, tant par nostalgie que parce qu’il fait partie intégrante de la geste familiale, j’aime très fort dans mon petit coeur, eh bien l’ASM Clermont-Auvergne a fessé du Catalan perpignanais pour toucher enfin le bout de bois en finale du Top 14, et dire que j’avais boycotté ce match par superstition après trois défaites en trois ans vues à la télé ; autant dire que sitôt prévenus du résultat, ma coloc et moi étions un peu incrédules devant la levée de cette malédiction, on a cru à un fake au début, puis on s’est enhardis à hurler « On est les champions, on est les champions » sur le site du festival, on avait pas l’habitude tu comprends, d’ailleurs un ami anglais nous regardait faire en levant un sourcil interloqué so British ; mieux, je dirais même que son sourcil était circonfléchi.

JUIN 2010:

Le mois de juin fut une presque tout aussi vaste féérie, puisqu’il commença en disputant un match de futbol entre bloûgueurs sur la pelouse du Parc de les Princes, au titre du lancement par Orange de 2424actu Foot, un site d’actualité qui analyse un peu ce qui se dit sur Twitter à propos de la Copa del Mundo, et même que mon équipe (les bleus) on a gagné 4-3 ce qui me permet de prétendre À TOUT JAMAIS que « Je suis invaincu au Parc des Princes », allez, re-pix, j’aime crâner à peu de frais:

Gambader sur la pelouse du Parc des Princes

C’était gentil et y’avait d’autres gens du blog de foot dont je t’ai parlé, vas-y vas-y clique voir ; puis juin déroula son manteau de gens, de biture et de nuit, j’en ai bien profité je crois, je suis allé dedans le Périgord (1er barbecue de l’année), puis dedans les frimas du Cantal (1er hiver de l’été) ; j’ai beaucoup écouté Bensé et Gaëtan Roussel, notamment après avoir rencontré tour à tour le tour-manager de Bensé et le batteur de Gaëtan Roussel (namedropping éhonté façon “Paris est un village”) ; mes chevilles ont pas mal enflé, non pas à cause de la chaleur, mais parce que j’ai reçu mon premier mail de toi, joli lectorat (en l’occurrence d’une lectrice que je salue bien bas là-bas dedans son Allemagne lointaine), ça m’a fait du chaud dans le ventre, je ne me suis plus senti de joie, ah Dieu, n’hésitez pas, envoyez-moi donc comme ça des bouffées d’amour de manière à ce que je me sente un peu Frédéric François parfois ; bon, je n’ai toujours pas trouvé de bar de copains à Paname, mais j’y travaille, j’ai fait des petits tests à droite à gauche, plus ou moins concluants, cela étant mon jugement est biaisé ces temps-ci par la nécessité de trouver une terrasse avant de trouver un bar autour, alors bon, je ne veux pas te donner de faux espoirs, disons que le Café épicerie à Belleville et Dédé la Frite à Grands Boulevards ont marqué de petits points mais mériteraient un deuxième avis, alors que par exemple, le Sans-souci à Pigalle est trop étouffant par ces temps de canicule et de brumisage de vieux.

Comme tu le vois, ce fut chargé, alors s’il te plaît, n’en parlons plus.