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Mr. Brainwash et le mécénat impromptu

J’ai vu Faites le mur!, le flim de Banksy (attention: ce flim n’est pas un flim sur le cyclimse).

J’ai bien apprécié.

Vais pas t’en faire une critique, y’a des bloûgs un poil plus indiqués pour te recommander comment, lectorat cinéphile, occuper tes soirées lorsque Thalassa le dispute aux Experts: Ouagadougou à la téloche et que l’envie te prend d’aller tripoter tes voisines à la faveur de l’obscurité moite d’un cinéma de quartier.

Non, je vais seulement t’énumérer une série de remarques dont tu feras ton miel à l’instar d’une oreille crasseuse et coton-tigeophobe.

Dans Faites le mur!, j’ai surtout bien apprécié le personnage de Thierry Guetta.

Salut c'est Thierry Guetta je me déplace sur un tricycle.

A.k.a. Mr. Brainwash.

(Je dis “personnage” à dessein.)

Un chapeau mou sur une tignasse frisouille et des bacchantes Second Empire, Thierry “Terry” Guetta est un peu la star du film, façon escroquerie franchouillarde mâtinée de système D, le tout en mâchonnant dans un anglais d’arrière-cuisine des grands concepts sur la vie, l’art, la passion.

Si tu n’as pas vu le flim (il faut l’aller voir), je te résume en une phrase la belle histoire que nous narre Banksy: cinéaste amateur monomaniaque, Thierry Guetta veut faire un flim sur Banksy, star des street artists, et pis finalement Banksy lui dit de devenir street artist comme lui et finit par faire un flim sur Thierry Guetta.

(Rebaptisé Mr. Brainwash de son nom de scène.)

Quelques remarques donc:

1. Personnage «bigger than life» comme on dit pour faire chic et moins pédant que «truculent», Thierry Guetta semble surtout hyper chiqué. C’est pas moi qui le dis, c’est plein de gens genre le (vénérable) Times de Londres.

(Note comment, lectorat féru de nouvelles neuves du monde, le Times de Londres est toujours qualifié de «vénérable», alors que France Soir pas du tout.)

2. Ce flim est quand même coolos pour découvrir plein de street artists, c’est un monde incroyable qui vénère notamment ANDRÉ LE GÉANT sous la forme d’autocollants et d’affiches géantes portant le visage de ce catcheur français mythique et la mention «OBEY» (oui, je suis dans la période de ma vie la plus catch).

«OBEY ? NON C'EST PANO.»

(Ça c’est l’oeuvre d’un copain de Banksy, l’Américain Shepard Fairey, célèbre surtout pour avoir tiré le portrait de Baracko en 2008.)

3. Dans ce film, on voit apparaître, pixélisé du visage comme de bien entendu, notre ami Space Invader, dont je t’avais déjà parlé là avec tendresse, souviens-t’en.

Selon le flim, Thierry Guetta est en fait le cousin de Space Invader, et c’est ce dernier qui lui a fait découvrir l’incroyable monde du street art. Merci Invadou.

L’occasion pour moi de narrer comment, à la faveur d’un thermomètre opportunément dépressif et d’un petit côté cul bordé de nouille façon «au bon endroit, au bon moment», je suis devenu le mécène impromptu de notre ami Invader.

ANÉFÉ, comme il gelait ces derniers temps et que tout Paris frissonnait en crachotant de la buée dans l’air humide, je passais par hasard pas loin de chez moi (près d’une porte de l’Est parisien, comme je te l’ai déjà dit). Et là, nez rougi levé aux nues, j’aperçois l’une des petites mosaïques dont Invader parsème élégamment les lieux les plus inattendus. Sauf que la mosaïque désquamait.

C’est-à-dire que, lépreuse et colorée, elle perdait ses petits carreaux, sans doute à cause du froid, ce qui vérifierait toute la justesse de l’expression «geler à pierre fendre».

J’ai recueilli dans ma mimine les trois petits carreaux que j’ai pu sauver du désastre, je les garde comme reliques pour le jour où Invader fera son entrée à l’Académie des Beaux Arts de l’Institut de France.

Des petits carreaux rescapés de l'inexorable décrépitude des choses.La mosaïque d'Invader très partiellement sauvée par mes soins.

Si Invader me lit (bisous), il lui suffit de m’écrire pour qu’on aille les recoller ensemble nuitamment. Et ensuite, je ferai une carrière d’escroc du street art à la Mr. Brainwash.

L’invasion a commencé

Au commencement était le pixel.

Et le pixel était auprès du jeu, et le pixel était le jeu.

Tout le monde les connaît, ces petits extraterrestres à antennes anguleuses et tentacules carrés (oui, “tentacule” est un nom masculin, personnellement je ne m’en remets toujours pas), qu’il fallait dézinguer à coup de lasers dans le jeu Space Invaders, sorti en 1978. Les bestioles canardaient aussi à coup de lasers (à quoi ça leur servait d’avoir des tentacules, du coup ?), et descendaient inexorablement sur l’écran, mais en crabe, en louvoyant, ce qui prouve bien à quel point elles étaient fourbes et méritaient qu’on les dézingue.

Bestioles qui sont devenus des symboles pour toute une génération de joueurs-nostalgiques-friands-de-jeux-vidéos-où-le-dépouillement-du-pixel-s’efface-devant-le-fun (ou rétro-gamers).

Du coup, par la manne alléchés, les fabricants de gadgets s’en donnent à cœur joie. Permettant au passage de réhabiliter l’expression “s’en donner à cœur joie”, inusitée depuis le regretté président Mac Mahon.

Et les artistes ne sont pas en reste. Je soupçonne même qu’ils aient été à l’avant-garde de cette vogue du pixel, signe de reconnaissance des gens qui ont entre 20 et 35 ans aujourd’hui (“Ouais, toi t’es un vrai, t’as connu la NES, les disquettes souples sur Amstrad, le club Dorothée et ta mère te faisait porter des bermudas écossais”).

Ainsi du DJ Joachim Garraud.

Ainsi, surtout, de l’artiste Invader.

Ah, nous y voilà enfin.

Te dis-tu, ami(e) internaute.

Car la fin de mon dernier post t’avait laissé(e) sur ta faim, frémissant(e) d’envie, la bave aux lèvres, le cœur battant la chamade, n’y tenant plus, impatient(e) quoi.

Voici donc pour toi, fripon(ne), la belle et véridique histoire de l’artiste qui collait ses petites mosaïques un peu partout dans le monde, genre par exemple sur le D du mot HOLLYWOOD qui surplombe Los Angeles.

C’est, tu l’auras compris, une histoire de recoins.

Déjà, pour comprendre le phénomène, je m’en remets à un mien article (+ interview d’Invader) jadis rédigé quand je bossais dedans le quotidien régional de Clermont-Ferrand, La Montagne.

Oui, j’ai la flemme de repondre un truc sur le sujet. Oui, je suis une grosse feignasse.

Bon ça te donne les bases, grosso modo.

(En parlant de bases et de rétro-gaming, connais-tu ce mème internet-là ? Ah ah ah sacrés Japonais. Ils sont impayables.)

Adoncques, il est question de petites mosaïques essaimées de-ci de-là sur les murs de nos grandes cités déshumanisées par la grisaille, la froidure et la multiplication des parcmètres automatiques.

Mieux : il est question de petites mosaïques placées à des endroits stratégiques, en général près d’une plaque de rue, sur un muret, au détour d’un escalier. Toujours inattendu, rarement très accessible. Je sais pas toi, mais moi j’aime bien cette idée de cache-cache inutile et gratuit à échelle internationale.

Nostalgie + Gamers + Cache-cache : c’est un coup à te forger une communauté de fans partout dans le monde (et notamment à Clermont-Ferrand, ville glamour, ville bonheur).

Beaucoup de gens très appliqués se sont ainsi amusés à recenser les localisations de tous ces envahisseurs. Comme ce site, par exemple. Dans certaines villes, comme à Montpellier, la disposition des mosaïques dans la ville forme, vu du ciel, un gigantesque extraterrestre.

Je te jure.

Désormais, quand tu te balades, lève les yeux. Quand tu voyages, regarde en l’air. Avec un peu de chance, les rues que tu arpenteras auront déjà été déflorées par Invader et ses copines pieuvres de l’espace.

Qui font encore, ah ah ah, couler beaucoup d’encre.

(Je m’auto-attribue le prix Paul-Loup Sulitzer pour ce jeu de mot abominable.)

Loulou la déconne.

Paul-Loup la déconne

Posté le: octobre 25th, 2009
Catégorie: Flâneries
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