Paris

Je pourrais difficilement l’expliquer, mais il semble que Paris recèle une sorte de féérie à mes yeux de bouseux provincial en sabots du dimanche.

Déjà, bon, il y a le métro.

Tous ces noms de stations “qui claquent au vent de l’Histoire pour notre plus grande jouissance” (allez, on s’en paye une bonne tranche, on clique sur cette belle vidéo de Jean Dujardin parodiant Stéphane Bern).

Bastille. Stalingrad. Philippe Auguste. Gambetta. Alésia. Bir-Hakeim. Goncourt. Ou encore l’immortelle Créteil-Préfecture.

Bref, ça claque pas mal au mistral historique.

Personnellement, quand je m’ennuie dans le métro, je passe en revue la liste des stations, ça me promène. Ainsi, sur la ligne 9, on passe de la bataille d’Iéna au président F.D. Roosevelt, son Deal et sa polio, avant d’aller faire un tour au temps de Richelieu.

C’est le tour du monde à portée de strapontin.

Bon, mais il y a mieux que le métro (qui, en soi, est déjà sympa quand on s’est coltiné le bus 1 ou 16 de Clermont-Ferrand une bonne partie de sa jeunesse).

Il y a les quartiers en pente.

Dans le monde, il y a deux catégories de villes: les villes édifiées dans la plaine, qui se sentent obligées d’ériger à tout coin de rue du clocher et du beffroi pour se réhausser un peu, et les villes à déclivité, ou ceinturées de hauteurs, qui construisent comme elles peuvent – et dans lesquelles on n’est jamais perdu.

Exemple: à Grenoble, difficile de se perdre, il suffit de repérer les montagnes autour, d’en déduire le cours de l’Isère, et hop, on sait où aller.

Autre exemple: à Lyon, il suffit de repérer Fourvière, et hop, on sait où aller.

A Lille ou à Bordeaux, en revanche, point d’horizon pour orienter la marche. Tout est morne à perte de vue. De-ci de-là, un clocher accroche l’oeil et fait croire qu’on sait où on est ; mais le beffroi de Lille, qu’on le regarde de n’importe quel côté, on reste bien incapable de dire si on est à l’est, à l’ouest, au sud ou chez Gros Quinquin (surtout si le ciel est bas et la position du soleil diffuse, car trouver de la mousse sur les arbres faut pas trop y compter).

Or donc, Paris a cette chance d’avoir des quartiers en pente.

Loin de la froide solennité des boulevards bien agencés, des rues qui se coupent à angles réguliers, des parallélismes rationnels, il y a la pente.

La pente tasse l’habitat, la pente fait serpenter les rues, la pente est un cauchemar pour urbaniste du Second Empire. Du coup, les quartiers en pente (Montmartre, Belleville, les Buttes-Chaumont, la Butte aux cailles…) ont plus d’humanité, plus d’histoire, plus de caractère que toutes les avenues en pierre de taille. Bien droites, trop droites.

Pour un peu, à Montmartre, on se croirait dans une ville méditerranéenne. Un peu de soleil, de petites terrasses accueillantes, le soir qui s’éternise. Des rues dont on ne sait pas où elles débouchent, des recoins surprenants où voler un baiser un soir de mai alors que le linge sèche aux fenêtres et que l’horizon rosit, lui aussi, de plaisir (sympa de sa part).


Source: http://parifuni.over-blog.com

J’ai toujours préféré les recoins aux grands espaces ; le détail est souvent bien plus éloquent que le tout.

(Ce qui m’amène à mon prochain billet, consacré chers amis à l’artiste Invader. Ouais. Ca va être bien.)

Posté le: octobre 12th, 2009
Catégorie: Flâneries
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Pingback from Circonflexions – Mieux vaut lire ça que d’être borgne. - 25/10/2009 at 15 h 22 min

[...] la fin de mon dernier post t’avait laissé sur ta faim, frémissant d’envie, la bave aux lèvres, le cœur battant [...]