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Zizou dans le Métro

Toujours dans mon optique «je-regarde-les-plans-de-métro-dans-les-rames-de-métro-quand-je-m’ennuie-dans-le-métro», je m’attaque aujourd’hui à un sacré marronnier.

“À quand un deuxième club de foot à Paris ?”

S’interrogent périodiquement maints rubricards à grands coups d’hyperboles.

(Alors que dans le fond ça nous empêche assez peu de dormir, cette affaire.)

Messieurs mes collègues, j’accours à votre secours : le futur deuxième club parisien se trouvera être l’Union Sportive Métro.

Oui-da.

La preuve, ils ont déjà une équipe-type :

Qu’on me permette ici d’élaborer un petit peu.

(N’hésitez pas à lire ça en plusieurs fois, y’en a une tartine. Et pis moi ça me fait plusieurs visites hein donc bon.)

  • Dans les buts :

– Ne nous voilons pas la face (comme disait un ami imam progressiste) : le gardien de but est la clef de voûte de La Défense. On le distingue du reste de l’équipe au fait qu’il porte maillot de couleur différente et gants de la dernière élégance. Voire même, aux frimas, un masque d’homme-araignée pour les plus coquets. Châtelet, Louvre, Bastille, Château de Vincennes, quoi de plus normal qu’on lui donne le surnom de «dernier rempart» ?

  • Défenseurs latéraux :

- Sur l’aile droite, bien à droite même, il n’est pas rare de rencontrer le très progressiste vicomte Le Jolis de Villiers. Ou Gianni Alemanno, ancien membre du parti néo-fasciste italien, et aujourd’hui maire de Rome. Bref, des gens ternes, assidus à la chapelle et nostalgiques du bon vieux temps des couronnes (« Ah ! qu’elle porte biau, not’ Dauphine ! Ah, not’ bon roué Philippe Auguste ! »). Et, comme par hasard, la couleur blanche est celle des royalistes. De là à dire que les défenseurs latéraux droits sont tous d’obtus loyalistes, incapables de s’affranchir des consignes de l’entraîneur, rugueux, arrogants, et de peu d’imagination, il n’y a qu’un pas. Le franchirai-je ? Je vais me gêner. Passerais-je sous silence l’anti-napoléontroisisme de Victor Hugo, le communisme de Stalingrad ou le socialisme à la Jaurès ? Je fais qu’est-ce que j’veux.

Comme le chante l’admirable Miossec : “Un arrière droit assez brutal / Evoluant en D3 / qui sent la bière et l’animal / Les tacles et la mauvaise foi”.

- A l’inverse, les latéraux gauches sont en général beaux, subtils et délicieux (par souci d’objectivité, je me permets de préciser que, lorsqu’il m’arrive de jouer, c’est à ce poste-là.) Bon en fait non. En général arrière latéral c’est le poste des branques, on y compense une certaine faiblesse technique par des courses à répétition, des tacles assassins et des grosses frappes sur coup franc à la Roberto Carlos. Le résumé parfait de Parmentier, en somme: une grosse patate et souvent du bon vieux hachis sur les tibias des attaquants adverses. Et pis on fait des montées rageuses (d’aucuns parlent de “déboulés”), un peu comme le périple en ballon de Gambetta – une fuite en avant en somme.

On notera qu’à l’instar de la ligne 2, la 3 est une ligne transversale. Qui n’arrive pas forcément dans les pieds, du reste.

  • Défenseurs centraux

- Le stoppeur est rarement un artiste. Ce n’est pas ce qu’on lui demande. “Joue simple, on ne t’en demande pas plus”, meuglent les techniciens devant le tableau véléda, insigne immaculé de leur toute-puissance. Un stoppeur, c’est avant tout un sens du duel, du tacle, du jeu de tête. Une grande faucheuse, qui laisse ras paille et gazon. Oh ça non, le stoppeur n’est pas un saint (-Placide, -Sulpice, -Michel, -Denis). Parfois, aux temps chauds, quand le mercato revient et que la France clapote au Grau-du-Roi, le stoppeur signe au Paris Saint-Germain, où les prés sont soi-disant plus verts qu’à Gueugnon. C’est le plus beau jour de sa vie. Il déchantera l’hiver venu.

– Le libéro, c’est tout le contraire. C’est un artiste maudit. Un mec perdu là, dans sa propre surface, alors qu’il pourrait te passer en revue toute l’équipe adverse pour aller marquer, et à cloche-pied en plus. Mais c’est de lui que vient la L(a)umière. La relance propre, l’ouverture flamboyante. Il entretient une relation privilégiée avec ses attaquants, le 9 et le 11, qu’il alimente à Répu. Le terminus Place d’Italie vient rappeler que “libero” veut dire “libre (de tout marquage)” dans la langue de Dante (qui en fait écrivait en toscan, allez comprendre) ; et la correspondance en cette même station rappelle que Franco Baresi, libéro légendaire du Milan AC, y portait le numéro 6. Y’a pas de hasard bordel.

  • Milieu défensif

- Le 6, c’est un autre type de libéro, des fois même on parle de “libéro devant la défense”. C’est dire. Souvent le premier attaquant d’une équipe, car c’est lui qui fait la première passe, y compris vers ses buteurs. À la fois ratisseur (Raspail otra vez) et aiguilleur (Quai de la Gare), régulateur (Bercy), tour de contrôle (Bel-Air ; sans parler de toutes ces portions en métro aérien).

  • Milieux relayeurs

- C’est la ligne des ponts, Pont-neuf et Pont-Marie, et donc des petit-pont et grand-pont. Capable de livrer un récital (Opéra) et d’irradier le jeu de toute sa classe (Pierre et Marie Curie), ce milieu de terrain peut aussi pleurnicher comme une catin dès qu’on le frôle. Exemple: Cristiano Ronaldo, qui, désormais, évolue au sein de la Maison blanche.

- Même profil, un manieur de ballon, un régaleur de chique qui inflige un calvaire aux filles d’en face ; mais qui n’est pas le dernier à pleurer comme une madeleine, histoire de soutirer un petit coup-franc. Aime les espaces et profiter des grands boulevards qui s’ouvrent parfois dans la défense adverse. Une catin je vous dis.

  • Meneur de jeu

- A mi-chemin entre le Brésilien Jussie(u) et l’Italien Gianfranco (Avenue Emile) Zola, tous les ballons passent par le 10. A la croisée des chemins, au carrefour (de l’Odéon), dans l’embouteillage (André Citroën). Zizou quoi. D’abord la jambe gauche, tout ça.

  • Attaquants

- L’avant-centre. Le buteur. Dans tous les sens du terme, Rue des Boulets (de canon, ou boulet tout court). Peut parfois rester improductif très très longtemps, façon La Muette. A l’inverse, s’il devient le meilleur buteur européen de la saison, on lui attribue le Soulier d’or pour ses coups de chausson (Rue de la Pompe). Egalement amateur des grands boulevards susmentionnés.

-Enfin, tournant autour de l’avant-centre, nous avons l’attaquant de soutien qui, comme le nom de la station Télégraphe l’indique, sait alterner jeu long et jeu court. Hélas, revers de la médaille, il multiplie les passes trop téléphonées. Je crois que ce serait mieux pour tout le monde s’il raccrochait.

    Neuf lignes de temps additionnel* :

Quelques exemples de jolis marronniers qu’on aime à relire et faire relire dès le retour du temps des cerises.

Pour un hebdo de droite : “Les Francs-Maçons”, “Sarkozy: ses faiblesses, ses projets, ses secrets”, “Les meilleurs lycées/hôpitaux/diplômes de France”, “Spécial Immobilier”, “A quoi servent les prix littéraires ?”.
Pour un féminin : “Maigrir avant l’été”, “La mode de la rentrée”, “Spécial sexe”.
Et, pour un magazine sportif : l’admirable “guide de la saison” ; l’inénarrable “bilan de la saison”, l’immanquable “Les salaires des champions”. Et forcément, après les JO : “Pourquoi les sportifs français sont-ils de telles baltringues ?”

(*): hommage.

Posté le: novembre 3rd, 2009
Catégorie: Pêle-mêle
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Paris

Je pourrais difficilement l’expliquer, mais il semble que Paris recèle une sorte de féérie à mes yeux de bouseux provincial en sabots du dimanche.

Déjà, bon, il y a le métro.

Tous ces noms de stations “qui claquent au vent de l’Histoire pour notre plus grande jouissance” (allez, on s’en paye une bonne tranche, on clique sur cette belle vidéo de Jean Dujardin parodiant Stéphane Bern).

Bastille. Stalingrad. Philippe Auguste. Gambetta. Alésia. Bir-Hakeim. Goncourt. Ou encore l’immortelle Créteil-Préfecture.

Bref, ça claque pas mal au mistral historique.

Personnellement, quand je m’ennuie dans le métro, je passe en revue la liste des stations, ça me promène. Ainsi, sur la ligne 9, on passe de la bataille d’Iéna au président F.D. Roosevelt, son Deal et sa polio, avant d’aller faire un tour au temps de Richelieu.

C’est le tour du monde à portée de strapontin.

Bon, mais il y a mieux que le métro (qui, en soi, est déjà sympa quand on s’est coltiné le bus 1 ou 16 de Clermont-Ferrand une bonne partie de sa jeunesse).

Il y a les quartiers en pente.

Dans le monde, il y a deux catégories de villes: les villes édifiées dans la plaine, qui se sentent obligées d’ériger à tout coin de rue du clocher et du beffroi pour se réhausser un peu, et les villes à déclivité, ou ceinturées de hauteurs, qui construisent comme elles peuvent – et dans lesquelles on n’est jamais perdu.

Exemple: à Grenoble, difficile de se perdre, il suffit de repérer les montagnes autour, d’en déduire le cours de l’Isère, et hop, on sait où aller.

Autre exemple: à Lyon, il suffit de repérer Fourvière, et hop, on sait où aller.

A Lille ou à Bordeaux, en revanche, point d’horizon pour orienter la marche. Tout est morne à perte de vue. De-ci de-là, un clocher accroche l’oeil et fait croire qu’on sait où on est ; mais le beffroi de Lille, qu’on le regarde de n’importe quel côté, on reste bien incapable de dire si on est à l’est, à l’ouest, au sud ou chez Gros Quinquin (surtout si le ciel est bas et la position du soleil diffuse, car trouver de la mousse sur les arbres faut pas trop y compter).

Or donc, Paris a cette chance d’avoir des quartiers en pente.

Loin de la froide solennité des boulevards bien agencés, des rues qui se coupent à angles réguliers, des parallélismes rationnels, il y a la pente.

La pente tasse l’habitat, la pente fait serpenter les rues, la pente est un cauchemar pour urbaniste du Second Empire. Du coup, les quartiers en pente (Montmartre, Belleville, les Buttes-Chaumont, la Butte aux cailles…) ont plus d’humanité, plus d’histoire, plus de caractère que toutes les avenues en pierre de taille. Bien droites, trop droites.

Pour un peu, à Montmartre, on se croirait dans une ville méditerranéenne. Un peu de soleil, de petites terrasses accueillantes, le soir qui s’éternise. Des rues dont on ne sait pas où elles débouchent, des recoins surprenants où voler un baiser un soir de mai alors que le linge sèche aux fenêtres et que l’horizon rosit, lui aussi, de plaisir (sympa de sa part).


Source: http://parifuni.over-blog.com

J’ai toujours préféré les recoins aux grands espaces ; le détail est souvent bien plus éloquent que le tout.

(Ce qui m’amène à mon prochain billet, consacré chers amis à l’artiste Invader. Ouais. Ca va être bien.)

Posté le: octobre 12th, 2009
Catégorie: Flâneries
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