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L’échelle du bonheur

Succulent lectorat, je suis vraiment d’excellente humeur ces temps-ci ; aussi j’m'en vas t’conter ce qu’est l’Échelle du bonheur.

(Afin que tu puisses bien mesurer toute l’excellence, ces temps-ci, de mon humeur.)

Droopy hyper enthousiaste.

Pour schématiser, l’Échelle du bonheur est à l’euphorie ce que celle de Richter est aux vastes patatras.

Un outil de référence.

Une manière de rendre objectif le subjectif, RIEN QUE ÇA OUÉ, conçue jadis par un de mes anciens colocataires.

Tu peux l’utiliser chez toi aussi.

Lorsqu’au hasard de mes péripéties, un ami me dit: “Nan mais là tu vois, je suis heureux”, ma curiosité naturelle, ainsi qu’une jalousie bien légitime, me poussent à lui demander: “Ah ouais connard ? ET DE COMBIEN ?”

L’Échelle du bonheur (EdB), qui s’écrit constamment en gras parce que son intitulé se déclame façon Jean-Pierre Marielle, comporte dix échelons.

Pas neuf échelons. Pas douze échelons.

Dix échelons, afin, notamment, de pouvoir l’expliciter en nombre de doigts. Ainsi, si vous êtes à cinq sur l’EdB, vous êtes à “auriculaire-gauche”. Ce qui est bien mais pas top. Si vous êtes à huit sur l’EdB, vous figurez à “majeur-droit”, ce qui est, admettons-le, bien mieux.

Dès leur plus jeune âge, les enfants savent compter.

(En l’occurrence, ce jovial poupard semble à huit sur l’EdB.)

D’où l’expression: “Je suis à deux doigts du bonheur le plus extatique”, que ces dames susurrent volontiers au plus fort d’inavouables galipettes à composante digitale.

Valable à un instant T, l’Échelle du bonheur va donc de 0, le suicide, à 10, “le bonheur sans faille pour les six mois à venir”.

Oui, je sais, ça fait ONZE échelons.

Oui, je sais, on n’a pas assez de doigts.

Est-ce à dire que les gens qui ont une vilaine malformation des mains, genre doigts surnuméraires, sont bien plus heureux que leurs contemporains ?

Sans hésiter, je réponds OUI.

On concevra que le 10, à l’instar du 20 en dissertation de philo, n’existe pas. Personne ne peut dire: “je suis à 10 sur l’Échelle du bonheur“, sous peine de succomber à un arrêt cardiaque provoqué par une surdose d’adrénaline. Faut pas déconner avec l’extase.

On concevra itou qu’on atteint très rarement le 9. C’est exceptionnel, un 9. Faut vraiment que tout aille bien pour être en mode “index-droit”.

Enfin, le célibataire endurci aura noté que le mariage, c’est-à-dire l’alliance passée à l’annulaire gauche, correspond à peine à un 4 sur l’EdB. Ce qui prouve à quel point c’est surfait de convoler avec bobonne.

Voilà.

Maintenant que tout le monde a bien compris là.

Je peux annoncer, roulement de tambour, que, ces temps-ci, à la faveur d’une conjoncture étonnamment favorable, je suis très très heureux.

“Ah ouais connard ? Et de combien ?”

Hé ho heu hein.

Disons que J’OSCILLE ENTRE 7 ET 9 sur l’Échelle du bonheur.

Je me le note en majuscule, en prévision de dans six mois, quand je serai retombé au fond du gouffre.

Mais pour l’instant y’a pas grand-chose qui va mal: j’ai décroché un travail à vie ; je reviens d’un week-end coolos certes frisquet mais coolos en Pologne ; mon coeur est un petit papillon chamarré ; je n’ai toujours pas de cirrhose ; plus que deux mois avant le printemps ; on cherche sans trop se presser un nouvel appart de coloc plus mieux que celui qu’on a déjà et qui est déjà bien ; j’ai un long voyage loin loin prévu pour l’automne prochain ; oué oué ça va quoi.

J’ai même esquivé, pour la première fois depuis quatre ans, la terrible MALÉDICTION DU MOIS DE NOVEMBRE, où les pires merdes s’acharnaient sur moi avec sadisme.

Énorme vague d’euphorie dans ma vie ces derniers temps.

L’occasion de réhabiliter feu Ménélik, pour qui tout baignait itou: