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Lucha Libre

C’est le troisième round et Místico est assez mal barré.

Il est au sol, le “Prince d’or et d’argent”, il halète. Son rival Volador, bras levés, masque sombre, fanatise la foule à grands renforts de roulements de mécaniques.

Místico est maintenant assis sur le ring, sonné. Ses deux coéquipiers observent impuissants la chute de l’idole. Dans quelques instants, c’en sera fini de Místico. Volador interroge le public, on le devine souriant, carnassier, sous son loup noir et argent.

Dois-je démasquer le grand, l’immense Místico ? Dois-je mettre fin à son règne ? semble-t-il demander à la salle qui vibre, reflue, comme une mer agitée de courants contraires. Les insultes fusent: «¡Místico, chinga a tu madre!», lance une adolescente à notre droite, récompensée par le rire bienveillant de toute sa famille.

À la merci de son adversaire, Místico est sans réaction. Les mains de Volador agrippent le bas du masque blanc et or ; ce sont des mains de bourreau. La faucheuse n’a pas de visage ; bientôt, Místico en aura un.

Místico souffre d'une crapuleuse infection du visage.

Pire que la mort, ce sera la souillure.

Ça y est, les serres de Volador se referment sur le tissu argenté. Naïf Místico, qui pense pouvoir éviter l’inévitable en agrippant, désespéré, les poignets de son rival ! Volador n’entendra pas sa supplique, il écoute monter la rumeur qui, autour du ring, dit à la fois la haine et le triomphe. Il lève la tête, plisse les yeux dans la lumière. À cette heure il est roi, il est Dieu, il est tout.

Mais il est au sol.

Comment ses omoplates ont-elle fini leur course sur le ring ? Impossible ! Et où est ce diable de Místico ?? La tête de Volador dodeline, il hébété comme un dieu déchu.

À peine sent-il deux poignes de fer le saisir aux épaules. À peine entend-il des voix, dans le lointain, fêter la résurrection de l’icône moribonde.

Volador valdingue, rebondit sur les cordes, se découpe sur une corde à linge. Il n’a plus prise sur rien, il est balloté par une tornade d’or et d’argent. Soudain, il tombe à genoux. Il n’implore pas grâce. Il sait ce qui l’attend. Il accepte son sort, résigné. La vengeance est légitime.

Místico n’est qu’ire et courroux.

D’un geste impitoyable, il tire à lui le bout d’étoffe. Le visage de Volador apparaît. Il est blond, il est défait, il se sait maudit.

Le public bouillonne, acclame et conspue tout à la fois. Les arbitres lèvent les bras du “Prince d’or et d’argent” et de ses deux acolytes. Et la foule, calmée et repue, se déverse dans les rues de México et la lumière orangée du crépuscule.

Eh bien même si c’est chiqué, c’est quand même rigolo.

(Oué c’était la première fois que je voyais du catch. Sinon dans la soirée y’a eu aussi la présence au milieu des catcheurs d’un NAIN DÉGUISÉ EN TOUCAN. C’était très très très absurbe, j’ai beaucoup apprécié.)

Prochain combat pour Místico ? Une rencontre en duo en compagnie de son alliée Fishman:

LA COLOC DU CATCH.

J’ajoute que j’ai toutafé survécu, que je suis back dans les bacs, et que ce voyage au Mexique était une vaste réussite qui mérite bien une note de 8/10, j’ai vu des pyramides, j’ai vu des églises surchargées, j’ai vu des Christs sanguinolents, j’ai vu le désert, la jungle, la montagne, les villes tentaculaires, les villages indigènes, l’océan Pacifique, et j’ai adoré.

Néanmoins, coquin de lectorat, tu m’as manqué.