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Au café des jours heureux

Ce week-end, sur une toquade, je suis descendu à Bordeaux.

C’était notoirement sympatoche.

A Bordeaux, du côté de la place du Parlement, il y a ce beau bar qui s’intitule « Les Lutins ». Même que ce site (à qui j’ai emprunté sans vergogne la petite photo ci-dessous) en dit vachement de bien.

Et même que des fois, y’a des triporteurs rouges qui viennent se garer devant.

Tribute to Darry Cowl.

Pourquoi c’est-y si bien que ça, d’aller aux Lutins, demanderas-tu, puisque tu es un lectorat curieux de tout.

(Déjà, je te reprends, on ne dit pas: « Je vais aux Lutins » ; mais « Je vais CHEZ les Lutins ». Nuance qui n’est pas que stylistique, ainsi que nous l’allons voir.)

Parce que, tout simplement, c’est un bar de copains.

Parce que, pour le moment, je n’ai pas trouvé son pendant parisien.

Parce que, par conséquent, j’erre de café oberkampfien en bar montmartresque sans avoir vraiment de QG panaméen.

*********************** Intermède politique ***********************

Par panaméen, j’entends “de Paname”.

J’ai mes raisons.

Quant au Panama, le jour où ils arrêteront de filer des pavillons de complaisance aux armateurs et des chapeaux mous à Lou Bega, j’envisagerai peut-être de leur rétrocéder leur adjectif (FRONT DE LIBÉRATION DE PANAMA – CANAL HISTORIQUE).

******************* Fin de l’intermède politique *******************

Petit portrait-robot du bar de copains:

  • C’est un bar où le jeune patron gentil aime à rire, aime à boire, aime à chanter commeuh nous. Et paye parfois sa tournée.
  • C’est un bar où il y a toujours de la place où s’asseoir, et où les bougres branchés à mèches et slim manquent de défaillir tellement on peut y rentrer facilement.
  • C’est un bar où, le soir venant, on est à peu près sûr de trouver une connaissance, sans même avoir recours à la pénible méthode de la synchronisation des agendas. Comment ils faisaient avant les portables, les jeunes ? Bon ok, ils avaient des Tam-Tam ou des Tatoos. Mais avant ça ? Bah ils avaient un QG, et ils savaient pouvoir y trouver les copains à toute heure pour s’en jeter une petite.
  • C’est un bar où tour à tour on peut regarder un match de foot, faire une partie d’échecs, organiser un concert, fêter un anniversaire, lire le journal, prendre un café, refaire le monde, rire, pleurer, aimer, vivre en somme.

Conditions que ledit bar « Les Lutins » remplit au surplus.

On y déguste, au passage, des cocktails très goûtus (je vous jure que je ne touche aucune rétrocommission sur le chiffre d’affaires de cet établissement de nuit).

D'appétissants cocktails.

Pour résumer, je cherche exactement le même type de bar ; mais géographiquement localisé dans l’Est parisien (comme Guy Georges), parce que l’aller-retour Paris-Bordeaux est à l’image de la botte de poireau, à savoir hors de prix.

(Ma bonne dame.)

J’ai certes deux-trois bonnes adresses (le Tagada Bar à Abbesses ; le Baron Samedi à Goncourt ; Le Café Chéri(e) à Belleville ; Mon chien stupide à Gambetta…) ; mais pas de QG bien établi. Certains de mes potes jugent illusoire de vouloir en trouver un, alléguant qu’on habite tous trop loin les uns des autres pour avoir un lieu de rencontre qui satisfasse tout le monde.

Tas de fatalistes.

Vu la faune nocturne de la capitale, ça existe forcément, un bar de copains à Paris.

« Vous avez des bars ? Vous avez des copains ? Vous prenez un bar vous mettez des copains dedans ça fait un bar à copains. »

Ce que des mecs en toge avaient bien résumé avec le proverbe: Ubi bene, ibi patria.

Comme quoi on peut s’enrouler dans un drap et pas raconter que des conneries.

Raël, un Auvergnat qui a réussi.