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Demain y’a école

Aujourd’hui, à la rédaction, c’était nouveauté, c’était folie, car j’étais en formation.

Fernandel au tableau

C’est un peu comme retourner à l’école, la formation.

Y’a un prof, y’a des horaires fixes, y’a des notes à prendre, y’a des polycopiés, y’a des powerpoints qui ne se lancent pas quand on voudrait qu’ils se lancent, y’a des questions, y’a des pauses-récrés, y’a des fin de cours qui s’éternisent parce que bon, “on a perdu un peu de temps au début”.

Manque que la sonnerie à l’intercours.

Histoire de signaler au prof que c’est la fin là. C’est terminé Monsieur, faut nous laisser tranquilles maintenant, faut rentrer chez vous s’il vous plaît. Vous avez bien une maison ?

Ah !

La nostalgie m’étreint (et pas seulement à grande vitesse).

Je l’avais oublié mais il m’en ressouvient: toutes ces petites histoires de batailles de craie, de cours-d’EPS-où-t’as-pas-tes-affaires et de contrôle-surprise que papa et maman te demandent de leur raconter le soir à table, parce que eux, bon, c’est pas folichon les histoires du chef de papa que papa il peut pas saquer, ou de la collègue de maman qui est vieille fille et qui fait rien qu’à faire des remarques à maman quand elle part très tôt du travail pour venir te chercher à l’heure, précisément, des mamans.

Bon, toi en général t’es pas contrariant, tu racontes, surtout que ça te permet de gagner un temps précieux, rapport à l’assiette de soupe qui se dresse entre toi et les coquillettes au jambon.

Avec un peu de chance, si elle refroidit trop, la soupe, si papa et maman oublient que tu dois la finir, tu pourras peut-être y couper. D’ailleurs, toi tu préfères la soupe avec les lettres, on peut écrire son prénom sur le bord de l’assiette (c’est comme les verres: les mieux ce sont ceux au fond desquels on peut voir son âge. Si tu mangeais à la cantine you know what I mean).

Mais là c’est pas vermicelles, c’est soupe de légumes, alors au lieu d’écrire ton nom sur le bord de l’assiette, tu racontes.

(Instant Nouvelle Star à la table familiale là. Tout un auditoire qui boit tes paroles, et toi qui bois pas ta soupe.)

“Et pendant le cours, le prof il a écrit sur le tableau véléda avec le feutre, mais à un moment il avait plus de place alors il a voulu effacer. Mais il avait pas de chiffonnette, y’en avait pas sur le tableau. Qui a des mouchoirs en papier, il a demandé, et Claude* elle lui a donné un paquet de mouchoirs qu’elle avait, mais quand il a voulu effacer, le prof, ça s’effaçait pas, ça faisait des grosses traces vertes. Parce qu’en fait c’était pas vraiment un tableau véléda, en fait.”

Saynète toute nimbée du sépia poussiéreux des leçons d’autrefois, et que j’ai revécue ce matin-même (en formation, donc).

Oh !

Le souvenir, de ses grands bras, m’étreint (et pas seulement de marchandises).

Bien bien.

Sinon, si vous avez un patron mélomane, une formation ça peut aussi donner ça: un petit concert au débotté, all’improvviso, avec des textes engagés et une envoûtante guitare-synthétiseur.


Le Bureau-Gilles Triquet

“ON ACHÈVE BIEN LES CHEVAUX À STALINGRAD.”

* Le prénom a été changé, comme ça, gratuitement. Ce billet fait tout de suite beaucoup plus enquête-de-terrain-sur-sujet-sensible, je trouve.