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Le cabinet de curiosités

Parfois, lectorat avide de récréation burlesque et colorée, j’investigue au plus profond de mon for/ministère de l’Intérieur pour déterminer avec quoi je pourrais bien te divertir cette fois-ci.

Quel grand thème d’actualité pourrait attirer ton attention ? Quel sujet affriolant te tiendrait captif en ces lieux jusqu’à ce que LOL s’en suive ?

Je fouille, je creuse, j’épluche, je phosphore.

Et pis assez rapidement, j’en reviens aux Grands Dénominateurs Communs de la Condition Humaine (GDCCH): manger, boire, respirer, aimer, caguer.

Ah tiens oui caguer, riche idée, et puis coloré au plus haut point. D’ailleurs tout le monde cague, de la cagole au cagot.

Je ne te ferais pas l’affront de te parler ici de fèces, quoique ce mot soit d’une riche homophonie. Aussi évoquerai-je plutôt les cabinets.

Envie pressante.

C’est un thème déjà balayé par Girls and Geeks, ce beau blog très LOLILOL, qui a conçu un époustouflant «Guide des chiottes». Lequel réunit petits et grands autour d’une passion très largement répandue, faire popo dans un cadre idyllique.

Qu’on ne se méprenne pas: je ne vais pas me hasarder à vouloir concurrencer sur ce terrain l’autrice dudit blog, d’autant que, par le truchement d’une amie commune, elle sait tout de ma vie sexuelle, je sais tout de sa vie sexuelle, bref, nous savons tout de nos vies sexuelles et par conséquent nous avons des moyens de nuisance mutuelle qui maintiennent entre nous des relations d’une éblouissante cordialité allant parfois jusqu’à l’effusion.

(Titiou-comme-le-Titien, si tu me fais la sympathie de me lire, bisous.)

Donc, je vais pas te faire un guide des chiottes. Nan. Ce serait malvenu.

Je vais plutôt te parler de MES CHIOTTES.

(Je devine la lueur d’intérêt qui s’allume au fond de ton regard émoustillé et gourmand.)

Plus précisément, de NOS CHIOTTES, car tu t’en souviens je vis en colocation (du coeur).

Note néanmoins que je te parlais déjà d’urinoir en décembre 2009, donc ça ne sort pas de nulle part non plus cette affaire, je suis quand même un minimum légitime bordel.

Nos chiottes, ce ne sont pas n’importe quels cabinets. Il y a un gentlemen’s agreement à leur propos.

Ma colocataire (du coeur), qui avait pu visiter jadis une de mes précédentes colocations, étudiante et décontractée, où des posters de catch le disputaient à des photos du petit Grégory sur les murs du salon, m’a prié de la laisser s’occuper de la décoration de l’appart (ma créativité l’effraie sans doute). En échange de quoi j’ai obtenu le droit INALIÉNABLE ET SACRÉ de coller tout ce que je veux sur les murs des toilettes.

TOUT CE QUE JE VEUX.

TOUT.

C’EST MON DROIT INALIÉNABLE ET SACRÉ.

Ce qui, dans la droite lignée de la Collection d’objets précieux, fait que nous disposons d’un véritable « Cabinet de curiosités » décoré avec l’inspiration du moment, c’est-à-dire des posters, affichettes, flyers, photos et autres vignettes Panini extrêmement lolilol (“Rod Fanni sous le baby, Rod Fanni paye à boire”).

Vois plutôt:

Nos chiottes

Comme tu le constates, c’est un univers hétéroclite, bigarré et souvent d’assez mauvais goût.

On y retrouve, pêle-mêle:

1. Une chronologie des rois et chefs d’Etat espagnols – le Caudillo Francisco Franco inclus s’il vous plaît – habilement détournée de manière à y faire figurer Sébastien Tellier, Pierre Mauroy, Sancho VII (l’homme qui allait toujours pieds nus), the Knights who say “Ni !”, Christophe Hondelatte, Barney Stinson de How I Met Your Mother ou encore la jolie sorcière du Centre de visionnage (“J’ai du bois mon Edouard”). Comme tu le vois, c’est divers.

Nos chiottes

D’autant que ce n’est pas un bête poster détourné avec de la private joke au kilomètre: C’EST UN ESPACE PARTICIPATIF. Ainsi, chaque hôte du Cabinet de curiosités peut, en souvenir de son passage, laisser un petit mot à l’aide du stylo-feutre prévu à cet effet. C’est voulu. C’est chaudement recommandé. Le résultat est une fresque hénaurme constellée de toutes les pépites qu’inspire régulièrement le fait de faire pissou.

Nos chiottesNos chiottes

2. Une affiche du combat de catch mexicain entre Místico et Volador, somptuosité baroque que je te narrais là. On notera que j’y suis allé à l’occasion d’une séance «familiale» dominicale, c’était un peu la sortie après la messe avec les gosses et la vieille-tatie-qui-pique, la plupart des gens étaient habillés en dimanche. Sauf un, mais tu t’en souviens, car c’était un NAIN DÉGUISÉ EN TOUCAN.

3. Une carte du Tour de France 2009. Enrichie notamment d’une petite photo de Raël (note pour la Miviludes: si ce bloûg parle beaucoup de Raël, ce n’est pas en raison d’une quelconque admiration capillaire vis-à-vis du prophète-à-chignon, mais bien parce que c’est un Auvergnat qui a réussi) mimant le pouce levé façon «Like» Facebook (=PAS BIEN), ou encore d’un petit sticker nippon évoquant de manière équivoque le sympathique Pedobear, l’ami (tactile) des enfants (=BIEN). Sectes, Pédophilie, Dopage, des mots-clés jolis qui vont sans doute me valoir les requêtes Google les plus inattendues.

Note qu’on trouve aussi sur cette carte un tableau statistique à simple entrée, regroupant cinq catégories: «Caca dur», «Caca mou», «Caca fail», «Perfecto», «No Perfecto» . Crois-bien, lectorat pudibond, qu’on ne fait pas ça de gaîté de coeur ; c’est d’abord le goût de la recherche scientifique et l’amour de la vérité chiffrée qui nous poussent ainsi à inciter les gens à recenser, inlassablement, la consistance et la qualité de moulage du popo, afin de disposer de données fiables pour dresser des hypothèses aussi audacieuses que dérangeantes, à l’instar jadis de la célèbre théorie dite de «l’urgence du besoin mictionnel comme fonction de la proximité géographique des gogues» (oui je t’ai déjà renvoyé une première fois vers ce billet de décembre 2009, mais n’hésite pas à y refaire un tour, des fois que tu l’aies trouvé bouleversant).

Nos chiottesNos chiottes

4. Une photo de M. ZEMMOUR ERIC accompagnée d’un phylactère à l’humour douteux qui lui vaudra, espérons-le, une juste sanction judiciaire pour «Prononçage de propos répugnants que proscrit, prohibe et réprouve la pudeur», car oui, même quand je disserte de mes chiottes j’allitère vois-tu. Nous faisons donc partie des 17% de ménages français qui assurent n’aller à la selle qu’en présence d’un portrait de M. ZEMMOUR ERIC (sondage Coloscopy Analytics).

Pourquoi M. ZEMMOUR ERIC, demanderas-tu, lectorat sarkozyste décomplexé outré à bon droit par cette stigmatisation gratuite d’un affable chroniqueur-qui-dit-tout-haut-ce-que-tout-le-monde-pense-tout-bas? Eh bien notamment parce que j’ai eu à deux reprises l’insigne honneur de croiser M. ZEMMOUR ERIC dans la rue en allant à le travail, et qu’il arborait dans le blizzard d’hiver un joli teint halé, soit la «couleur brun luisant des cacas bien portants», si l’on me permet de citer ici Desproges qui était, à l’inverse, aussi livide qu’une porcelaine, et également de Limoges.

5. Une affiche électorale de Mme LAGUILLER ARLETTE portant un slogan à l’humour douteux itou qui me vaudra, espérons-le, d’être enfin laissé en paix par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), lequel m’inonde de mises en demeure hargneuses pour faire respecter une certaine impartialité politique sur ce bloûg qui fait tant trembler le Landerneau politico-médiatique. Messieurs les censeurs, vous voilà satisfaits, vous penserez à mes étrennes.

Autour de Mme LAGUILLER ARLETTE, plusieurs personnalités du monde du spectacle qu’il est de bon ton d’avoir chez soi comme Mlle Mélanie Laurent ou de MM. Umberto Eco, Nicolas et Jean Sarkozy, Quentin Tarantino, Didier Barbelivien et Joseph Vissarionovitch Djougachvili Staline (a.k.a. «Le petit père des poulpes»).

Voilà voilà, je te l’ai fait courte.

Cette décoration chamarrée, que tu as pu découvrir comme si tu y étais, nous vaut régulièrement les félicitations ébahies de ceux de nos amis qui, chez eux, pissent tristement entre quatre murs nus et froids avec pour seul spectacle le grésillement intermittent de l’ampoule du plafonnier jauni et l’alignement résigné des rouleaux de papier toilette, ternes et mous, stationnés comme des criminels allant à l’échafaud, près d’une brosse au poil rare et d’une pile de vieux magazines mités à l’effigie d’éphémères vedettes sur lesquelles le temps, avec à-propos, a tiré la chasse.

Conclusion: convié à une véritable fête des sens, séduit par l’abondance de couleurs et la fantaisie des motifs, l’hôte de notre cabinet de curiosités y dispose de suffisamment de lecture pour ne pas se faire chier. Oh oui, osons le dire, on ne s’y emmerde guère.

(Comme tu le constates, je suis de retour. Même que pour un retour, je me suis pas mal épanché.)