Le cabinet de curiosités

Parfois, lectorat avide de récréation burlesque et colorée, j’investigue au plus profond de mon for/ministère de l’Intérieur pour déterminer avec quoi je pourrais bien te divertir cette fois-ci.

Quel grand thème d’actualité pourrait attirer ton attention ? Quel sujet affriolant te tiendrait captif en ces lieux jusqu’à ce que LOL s’en suive ?

Je fouille, je creuse, j’épluche, je phosphore.

Et pis assez rapidement, j’en reviens aux Grands Dénominateurs Communs de la Condition Humaine (GDCCH): manger, boire, respirer, aimer, caguer.

Ah tiens oui caguer, riche idée, et puis coloré au plus haut point. D’ailleurs tout le monde cague, de la cagole au cagot.

Je ne te ferais pas l’affront de te parler ici de fèces, quoique ce mot soit d’une riche homophonie. Aussi évoquerai-je plutôt les cabinets.

Envie pressante.

C’est un thème déjà balayé par Girls and Geeks, ce beau blog très LOLILOL, qui a conçu un époustouflant «Guide des chiottes». Lequel réunit petits et grands autour d’une passion très largement répandue, faire popo dans un cadre idyllique.

Qu’on ne se méprenne pas: je ne vais pas me hasarder à vouloir concurrencer sur ce terrain l’autrice dudit blog, d’autant que, par le truchement d’une amie commune, elle sait tout de ma vie sexuelle, je sais tout de sa vie sexuelle, bref, nous savons tout de nos vies sexuelles et par conséquent nous avons des moyens de nuisance mutuelle qui maintiennent entre nous des relations d’une éblouissante cordialité allant parfois jusqu’à l’effusion.

(Titiou-comme-le-Titien, si tu me fais la sympathie de me lire, bisous.)

Donc, je vais pas te faire un guide des chiottes. Nan. Ce serait malvenu.

Je vais plutôt te parler de MES CHIOTTES.

(Je devine la lueur d’intérêt qui s’allume au fond de ton regard émoustillé et gourmand.)

Plus précisément, de NOS CHIOTTES, car tu t’en souviens je vis en colocation (du coeur).

Note néanmoins que je te parlais déjà d’urinoir en décembre 2009, donc ça ne sort pas de nulle part non plus cette affaire, je suis quand même un minimum légitime bordel.

Nos chiottes, ce ne sont pas n’importe quels cabinets. Il y a un gentlemen’s agreement à leur propos.

Ma colocataire (du coeur), qui avait pu visiter jadis une de mes précédentes colocations, étudiante et décontractée, où des posters de catch le disputaient à des photos du petit Grégory sur les murs du salon, m’a prié de la laisser s’occuper de la décoration de l’appart (ma créativité l’effraie sans doute). En échange de quoi j’ai obtenu le droit INALIÉNABLE ET SACRÉ de coller tout ce que je veux sur les murs des toilettes.

TOUT CE QUE JE VEUX.

TOUT.

C’EST MON DROIT INALIÉNABLE ET SACRÉ.

Ce qui, dans la droite lignée de la Collection d’objets précieux, fait que nous disposons d’un véritable « Cabinet de curiosités » décoré avec l’inspiration du moment, c’est-à-dire des posters, affichettes, flyers, photos et autres vignettes Panini extrêmement lolilol (“Rod Fanni sous le baby, Rod Fanni paye à boire”).

Vois plutôt:

Nos chiottes

Comme tu le constates, c’est un univers hétéroclite, bigarré et souvent d’assez mauvais goût.

On y retrouve, pêle-mêle:

1. Une chronologie des rois et chefs d’Etat espagnols – le Caudillo Francisco Franco inclus s’il vous plaît – habilement détournée de manière à y faire figurer Sébastien Tellier, Pierre Mauroy, Sancho VII (l’homme qui allait toujours pieds nus), the Knights who say “Ni !”, Christophe Hondelatte, Barney Stinson de How I Met Your Mother ou encore la jolie sorcière du Centre de visionnage (“J’ai du bois mon Edouard”). Comme tu le vois, c’est divers.

Nos chiottes

D’autant que ce n’est pas un bête poster détourné avec de la private joke au kilomètre: C’EST UN ESPACE PARTICIPATIF. Ainsi, chaque hôte du Cabinet de curiosités peut, en souvenir de son passage, laisser un petit mot à l’aide du stylo-feutre prévu à cet effet. C’est voulu. C’est chaudement recommandé. Le résultat est une fresque hénaurme constellée de toutes les pépites qu’inspire régulièrement le fait de faire pissou.

Nos chiottesNos chiottes

2. Une affiche du combat de catch mexicain entre Místico et Volador, somptuosité baroque que je te narrais là. On notera que j’y suis allé à l’occasion d’une séance «familiale» dominicale, c’était un peu la sortie après la messe avec les gosses et la vieille-tatie-qui-pique, la plupart des gens étaient habillés en dimanche. Sauf un, mais tu t’en souviens, car c’était un NAIN DÉGUISÉ EN TOUCAN.

3. Une carte du Tour de France 2009. Enrichie notamment d’une petite photo de Raël (note pour la Miviludes: si ce bloûg parle beaucoup de Raël, ce n’est pas en raison d’une quelconque admiration capillaire vis-à-vis du prophète-à-chignon, mais bien parce que c’est un Auvergnat qui a réussi) mimant le pouce levé façon «Like» Facebook (=PAS BIEN), ou encore d’un petit sticker nippon évoquant de manière équivoque le sympathique Pedobear, l’ami (tactile) des enfants (=BIEN). Sectes, Pédophilie, Dopage, des mots-clés jolis qui vont sans doute me valoir les requêtes Google les plus inattendues.

Note qu’on trouve aussi sur cette carte un tableau statistique à simple entrée, regroupant cinq catégories: «Caca dur», «Caca mou», «Caca fail», «Perfecto», «No Perfecto» . Crois-bien, lectorat pudibond, qu’on ne fait pas ça de gaîté de coeur ; c’est d’abord le goût de la recherche scientifique et l’amour de la vérité chiffrée qui nous poussent ainsi à inciter les gens à recenser, inlassablement, la consistance et la qualité de moulage du popo, afin de disposer de données fiables pour dresser des hypothèses aussi audacieuses que dérangeantes, à l’instar jadis de la célèbre théorie dite de «l’urgence du besoin mictionnel comme fonction de la proximité géographique des gogues» (oui je t’ai déjà renvoyé une première fois vers ce billet de décembre 2009, mais n’hésite pas à y refaire un tour, des fois que tu l’aies trouvé bouleversant).

Nos chiottesNos chiottes

4. Une photo de M. ZEMMOUR ERIC accompagnée d’un phylactère à l’humour douteux qui lui vaudra, espérons-le, une juste sanction judiciaire pour «Prononçage de propos répugnants que proscrit, prohibe et réprouve la pudeur», car oui, même quand je disserte de mes chiottes j’allitère vois-tu. Nous faisons donc partie des 17% de ménages français qui assurent n’aller à la selle qu’en présence d’un portrait de M. ZEMMOUR ERIC (sondage Coloscopy Analytics).

Pourquoi M. ZEMMOUR ERIC, demanderas-tu, lectorat sarkozyste décomplexé outré à bon droit par cette stigmatisation gratuite d’un affable chroniqueur-qui-dit-tout-haut-ce-que-tout-le-monde-pense-tout-bas? Eh bien notamment parce que j’ai eu à deux reprises l’insigne honneur de croiser M. ZEMMOUR ERIC dans la rue en allant à le travail, et qu’il arborait dans le blizzard d’hiver un joli teint halé, soit la «couleur brun luisant des cacas bien portants», si l’on me permet de citer ici Desproges qui était, à l’inverse, aussi livide qu’une porcelaine, et également de Limoges.

5. Une affiche électorale de Mme LAGUILLER ARLETTE portant un slogan à l’humour douteux itou qui me vaudra, espérons-le, d’être enfin laissé en paix par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), lequel m’inonde de mises en demeure hargneuses pour faire respecter une certaine impartialité politique sur ce bloûg qui fait tant trembler le Landerneau politico-médiatique. Messieurs les censeurs, vous voilà satisfaits, vous penserez à mes étrennes.

Autour de Mme LAGUILLER ARLETTE, plusieurs personnalités du monde du spectacle qu’il est de bon ton d’avoir chez soi comme Mlle Mélanie Laurent ou de MM. Umberto Eco, Nicolas et Jean Sarkozy, Quentin Tarantino, Didier Barbelivien et Joseph Vissarionovitch Djougachvili Staline (a.k.a. «Le petit père des poulpes»).

Voilà voilà, je te l’ai fait courte.

Cette décoration chamarrée, que tu as pu découvrir comme si tu y étais, nous vaut régulièrement les félicitations ébahies de ceux de nos amis qui, chez eux, pissent tristement entre quatre murs nus et froids avec pour seul spectacle le grésillement intermittent de l’ampoule du plafonnier jauni et l’alignement résigné des rouleaux de papier toilette, ternes et mous, stationnés comme des criminels allant à l’échafaud, près d’une brosse au poil rare et d’une pile de vieux magazines mités à l’effigie d’éphémères vedettes sur lesquelles le temps, avec à-propos, a tiré la chasse.

Conclusion: convié à une véritable fête des sens, séduit par l’abondance de couleurs et la fantaisie des motifs, l’hôte de notre cabinet de curiosités y dispose de suffisamment de lecture pour ne pas se faire chier. Oh oui, osons le dire, on ne s’y emmerde guère.

(Comme tu le constates, je suis de retour. Même que pour un retour, je me suis pas mal épanché.)

(Au passage)

Bisous, bonne année.

Je ne reste pas longtemps, juste le temps de t’entretenir d’une petite chose, lectorat galapiat.

Je lis ici que notre bon ami Edouard «Doudou» Baer va interpréter Astérix dans la prochaine adaptation cinématographique consacrée à l’astucieux petit moustachu.

Outre que ça réunit deux choses que j’aime énormément (Doudou Baer et la moustache), rappelons que l’impeccable dandy campait jadis l’un des personnages les plus LOLILOL de Mission Cléopâtre, deuxième épisode de la série – et le seul qui vaille, à ce jour, d’être vu, AlainChabatjet’aimed’amour.

À savoir, il t’en souvient sans doute, qu’il jouait Otis, un architecte-adjoint qui aimait la chose bien faite, le beau geste, et qui parfois ne trouvait pas l’interlocuteur en face, je dirais, le miroir qui l’aidait à avancer. J’ai tant vu ce film que je peux débiter son monologue d’un trait comme un gros nerd, ça me vaut en soirée quelques dispensables succès d’estime passé quatre heures du matin.

Paraît-il qu’en plus c’est improvisé, mais il y a tellement de gens sur l’internet qui en font des caisses sur ce monologue que je ne préfère ne pas tomber dans la surenchère et conserver un flegme tout britannique.

GOD SAVE BRITANNIA, d’ailleurs, est le titre provisoire de ce long-métrage en gestation.

Suivant la règle non-écrite qui veut que les adaptations d’Astérix soient alternativement À CHIER, CULTISSIME, À VOMIR, (série en cours), la prochaine devrait être pas mal, du moins espérons-le.

Je prédis un gros gros buzz autour d’Edouard Baer lorsque Bettencourt et Astérix sortiront sur grand écran, sans doute à la même époque puisque les deux tournages n’ont pas encore commencé. On s’arrachera alors le Doudou comme une croûte sur un genou d’enfant rosi de mercurochrome (le genou, pas l’enfant).

Posté le: janvier 9th, 2011
Catégorie: Pêle-mêle
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Mr. Brainwash et le mécénat impromptu

J’ai vu Faites le mur!, le flim de Banksy (attention: ce flim n’est pas un flim sur le cyclimse).

J’ai bien apprécié.

Vais pas t’en faire une critique, y’a des bloûgs un poil plus indiqués pour te recommander comment, lectorat cinéphile, occuper tes soirées lorsque Thalassa le dispute aux Experts: Ouagadougou à la téloche et que l’envie te prend d’aller tripoter tes voisines à la faveur de l’obscurité moite d’un cinéma de quartier.

Non, je vais seulement t’énumérer une série de remarques dont tu feras ton miel à l’instar d’une oreille crasseuse et coton-tigeophobe.

Dans Faites le mur!, j’ai surtout bien apprécié le personnage de Thierry Guetta.

Salut c'est Thierry Guetta je me déplace sur un tricycle.

A.k.a. Mr. Brainwash.

(Je dis “personnage” à dessein.)

Un chapeau mou sur une tignasse frisouille et des bacchantes Second Empire, Thierry “Terry” Guetta est un peu la star du film, façon escroquerie franchouillarde mâtinée de système D, le tout en mâchonnant dans un anglais d’arrière-cuisine des grands concepts sur la vie, l’art, la passion.

Si tu n’as pas vu le flim (il faut l’aller voir), je te résume en une phrase la belle histoire que nous narre Banksy: cinéaste amateur monomaniaque, Thierry Guetta veut faire un flim sur Banksy, star des street artists, et pis finalement Banksy lui dit de devenir street artist comme lui et finit par faire un flim sur Thierry Guetta.

(Rebaptisé Mr. Brainwash de son nom de scène.)

Quelques remarques donc:

1. Personnage «bigger than life» comme on dit pour faire chic et moins pédant que «truculent», Thierry Guetta semble surtout hyper chiqué. C’est pas moi qui le dis, c’est plein de gens genre le (vénérable) Times de Londres.

(Note comment, lectorat féru de nouvelles neuves du monde, le Times de Londres est toujours qualifié de «vénérable», alors que France Soir pas du tout.)

2. Ce flim est quand même coolos pour découvrir plein de street artists, c’est un monde incroyable qui vénère notamment ANDRÉ LE GÉANT sous la forme d’autocollants et d’affiches géantes portant le visage de ce catcheur français mythique et la mention «OBEY» (oui, je suis dans la période de ma vie la plus catch).

«OBEY ? NON C'EST PANO.»

(Ça c’est l’oeuvre d’un copain de Banksy, l’Américain Shepard Fairey, célèbre surtout pour avoir tiré le portrait de Baracko en 2008.)

3. Dans ce film, on voit apparaître, pixélisé du visage comme de bien entendu, notre ami Space Invader, dont je t’avais déjà parlé là avec tendresse, souviens-t’en.

Selon le flim, Thierry Guetta est en fait le cousin de Space Invader, et c’est ce dernier qui lui a fait découvrir l’incroyable monde du street art. Merci Invadou.

L’occasion pour moi de narrer comment, à la faveur d’un thermomètre opportunément dépressif et d’un petit côté cul bordé de nouille façon «au bon endroit, au bon moment», je suis devenu le mécène impromptu de notre ami Invader.

ANÉFÉ, comme il gelait ces derniers temps et que tout Paris frissonnait en crachotant de la buée dans l’air humide, je passais par hasard pas loin de chez moi (près d’une porte de l’Est parisien, comme je te l’ai déjà dit). Et là, nez rougi levé aux nues, j’aperçois l’une des petites mosaïques dont Invader parsème élégamment les lieux les plus inattendus. Sauf que la mosaïque désquamait.

C’est-à-dire que, lépreuse et colorée, elle perdait ses petits carreaux, sans doute à cause du froid, ce qui vérifierait toute la justesse de l’expression «geler à pierre fendre».

J’ai recueilli dans ma mimine les trois petits carreaux que j’ai pu sauver du désastre, je les garde comme reliques pour le jour où Invader fera son entrée à l’Académie des Beaux Arts de l’Institut de France.

Des petits carreaux rescapés de l'inexorable décrépitude des choses.La mosaïque d'Invader très partiellement sauvée par mes soins.

Si Invader me lit (bisous), il lui suffit de m’écrire pour qu’on aille les recoller ensemble nuitamment. Et ensuite, je ferai une carrière d’escroc du street art à la Mr. Brainwash.

Mes Succintes Trinités

(Joyeuses fêtes tout ça tout ça.)

Tu l’as peut-être entendu en laissant traîner l’oreille, que tu as baladeuse comme une mimine de papy pervers et un peu trop tactile, mais il est une nouvelle qui fait frétiller tout le petit milieu de la cinématographie.

Cette nouvelle est toute moustache et toute coiffure en pétard. Cette nouvelle est 100% dandys. Cette nouvelle est mon Noël à moi.

Ouvrons les guillemets et grand les mirettes:

« Edouard Baer envisage de faire tenir le rôle de Liliane Bettencourt, l’héritière de l’empire L’Oréal, par… Jean Rochefort. L’acteur et réalisateur à l’humour décalé jouerait, pour sa part, François-Marie Banier. »

L'un de ces deux acteurs a un très joli prénom.

Je lis ça ici ; mais j’ai surtout entendu ça , bercé par une inimitable élocution moustachue.

Ouf: Jean Rochefort devrait conserver sa moustache pour interpréter Lady Gaga.

(Nous voilà rassurés. Ainsi, Jeannot participera bien, le 20 août prochain, à la deuxième édition de la Journée internationale de la moustache que nous avons lancée l’été dernier avec un succès qui force le respect et appelle à récidiver, toutes babines velues.)

Mais alors, diras-tu, pourquoi, à cette nouvelle, frétiller de plusieurs organes très importants ?

Parce que Jean Rochefort et Edouard Baer figurent dans l’une de mes deux Succintes Trinités, celle des Acteurs (j’en ai une autre, de Succinte Trinité, consacrée aux Auteurs). En gros, c’est mon petit Top 3 des gens que je préfère le plus dans le monde entier de mes gens préférés (parmi les Acteurs, ou les Auteurs, pour le moment). Mais dire Top 3 c’est galvaudé. Alors que Trinité ça évoque à la fois la Trinité-sur-Mer et Trinité-et-Tobago, ça sonne vent du large chargé d’embruns fouettant le visage buriné des marins indomptables qui s’embarquent bravaches sur d’incertaines coques de noix pour aller lutiner de la métisse sous des latitudes enchanteresses où la noix de coco doucereuse abonde davantage que le radis noir, d’autant que la Trinité-sur-Mer, comme l’indique son site internet, c’est “L’ESCALE-PASSION EN TOUTES SAISONS”.

Oh, amour, te souvient-il de notre escale-passion d’automne à la Trinité ? Tu avais mis un k-way pervenche car il faisait fraîchou.»)

Pourquoi «Succintes», au passage ? Mais enfin pour la redondance pléonastique, lectorat liseur d’écrits, car il ne me semble pas qu’un Top 3 soit particulièrement exhaustif.

Soulignons que Mes Succintes Trinités (MST) se transmettent par contact prolongé avec moi.

Tu n’y tiens plus, tu piaffes, tu trépignes, alors les voilà, mes fameuses deux trinités (soit six personnages au total dans mon petit Panthéon personnel, et aucun régicide poudré dedans icelui, OUI C’EST POLITIQUE OUI, note que je crois fort au retour de nos Roys sur le trône en 2020, lorsque la populace aura enfin compris que le meilleur régime est quand même de confier tout pouvoir à un dégénéré emperruqué en fin de race qui se mariera avec sa cousine qu’il besognera vilainement devant l’ensemble du gouvernement, sous-secrétaires d’Etat y compris, afin de nous pondre un dauphin livide et souffreteux destiné à présider, depuis son déambulateur à dorures, aux destinées grandioses et universelles de la France-éternelle-Fille-aînée-de-l’Eglise).

Trilogie 1: LES ACTEURS

I. Le père: Jeannot “La Moustache” Rochefort: une voix, une moustache, des rôles de raté magnifique, une imitation quasi parfaite du “toucher de testicule à la chimpanzé”, 80 ans et même pas gâteux, bref, le grand-père idéal quoi. En plus je l’aime d’amour car il avait accepté qu’on l’interviewe alors qu’on n’était qu’étudiants en journalisme, on avait été conviés chez lui, il porte des grosses baskets et il mange des Gervitas.

Lundi soir, sur Arte, il y avait “Ridicule” de Patrice Leconte, excellent film, et là, LE CHOC: Jean Rochefort n’y porte pas de moustache. Alors même qu’il déclare à l’envi: «Raser ma moustache c’est comme enlever mon slip.» (Le grand-père idéal je vous dis.)

II. Le fils: Edouard “Doudou le Dandy” Baer: une voix, un toupet, des rôles de branleur magnifique, une contribution immortelle à l’humour mondial sous la forme du Centre de visionnage de l’émission Nulle Part Ailleurs sur la chaîne Canal Plus dans le but de contribuer à son amélioration dans la mesure où il y aurait lieu de le faire, une autodérision dudit Centre de visionnage sous la forme d’un film parfaitement curieux, La Bostella, que je viens de revoir pour le plaisir, et puis une faconde, et puis un débit, un baratin, une verve. Bien malgré moi, je connais certaines de ses tirades par coeur, ça effraie dans les soupers fins.

III. Le (pas très) sain d’esprit: Benoit “Le Barge” Poelvoorde: une voix nasillarde, un physique de grand albatros dégingandé, une déglinguerie incontrôlable et un accent de Namur inimitable, un chef d’oeuvre de film culte où on se tait et on laisse répondre Rémi, des merveilles de mauvais goût avec Monsieur Manatane, bref, ça donnerait presque envie d’être Belge. Ou de se faire passer pour un belge.

(Idem, je peux réciter de mémoire du Manatane ou du C’est arrivé près de chez vous, au point que parfois j’effraie alentour. J’ai une très bonne mémoire c’pas d’ma faute hein.)

Trilogie 2: LES AUTEURS

I. Le père: Alexandre “L’Auvergnat” Vialatte: pas facile d’accès comme lecture, mais diablement fin, un sens de la formule, et des chroniques journalistiques qui sont des merveilles d’absurde. Voilà ce que dit de lui Desproges, qui avait oublié d’être un con sinon je ne lui aurais pas à l’instant pillé cette vanne: « L’essentiel de l’oeuvre (de Kafka) a été traduite en français par Alexandre Vialatte qui est assurément l’un des plus grands écrivains de ce demi-siècle, ce ne sont pas les trous du cul du nouveau roman qui me pèteront le contraire. (Vialatte comme Kafta) étaient éblouissants d’intelligence, pétris du même humour sombre, l’un et l’autre perpétuellement en état de réaction lucide contre l’absurdité fondamentale des guichetiers infernaux de l’administration des âmes. »

Je n’en dis pas plus, je pourrais gloser à l’infini sur les chroniques de Vialatte, que l’auteur concluait invariablement par une allusion à la « grandeur consécutive d’Allah » (« Et c’est ainsi qu’Allah est grand »), ce qui, pour un natif de Magnac-Laval assez peu porté sur la babouche et le ramadan, ne manquera pas de nous égayer.

II. Le fils: Pierrot “J’ai tout lu de lui” Desproges: oui, tout, même son roman et une biographie. Je suis allé sur sa tombe au Pere Lachaise, j’ai donc lu également sa pierre tombale, enfin en l’occurence c’est pas vraiment une pierre (ne jetons pas la pierre à Pierre) mais un jardinet («A SHRUBBERY! NI! NI!») où s’épanouissent follement graminées et épineuses, enserrant une caricature sous cadre du cher disparu – c’est toujours mieux qu’une ardoise avec un portrait en faïence mal dessiné qui met tout le monde mal à l’aise dans le cimetière.

Pour la Noël, j’ai reçu l’intégrale de Pierrot en DVD, mon coeur s’est enchamadé d’exaltation et de gratitude.

III. Le plein d’esprit: J’ai failli mettre Michel Folco dans cette case, et pis merde, ce sera François Rollin. Note que Rollin aurait pu atterrir parmi les acteurs, car c’est aussi (et surtout ?) un acteur qui abuse de sa grosse voix grave autoritaire afin de débiter de l’emphase au kilomètre avec un aplomb qui force le respect. Mais il a aussi pondu des bouquins, dont deux petites merveilles à offrir pour la Noël (ouais je sais que ça sert plus à rien les idées cadeaux pour la Noël mais j’ai tardé à le pondre ce billet, c’est long à rédiger les Succintes Trinités, comme leur nom ne l’indiquent pas) ; deux petites merveilles d’humour drôle donc, Les Grands Mots du Professeur Rollin et Les Belles Lettres du Professeur Rollin, disponibles en poche pour l’équivalent d’un demi-rein à la Bourse aux organes de Pristina (le cours du demi-rein est très avantageux je te l’accorde).

Voilà.

Maintenant tu sauras quoi m’offrir comme cadeau, lectorat fortuné, à l’occasion du 50e billet de ce bloûg (c’est pour bientôt).

Note que j’aurais pu aussi pondre une Succinte Trinité des auteurs de bédés (Le père: Gotlib ; Le fils: Monsieur Le Chien ; Le fin d’esprit: le scénariste Alain Ayroles que je voudrais pouvoir étreindre de mes grands bras maigres pour son authentique génie), mais trop de Trinité tue la Trinité — demandez à la Trinité-sur-mer si c’est pas vrai.

COÏNCIDENCE: Jeudi soir, ce fut un peu la conjonction de quatre de ces astres du rire absurbe: j’ai visionné, pour la première fois de ma vie, le film Akoibon, réalisé par Doudou Baer, with Doudou Baer, Jean Rochefort, Benoît Poelvoorde and François Rollin inside. Long-métrage très curieux (comme La Bostella, au passage), sauvé par ses acteurs et mon indulgence pour l’absurdité au 28e degré. Du reste, je ne te le conseille pas, lectorat rationnel, c’est un brin trop extravagant pour toi, ça part dans tous les sens, on en ressort avec un grand sentiment d’incompréhension mâtiné d’expressions cultes: «Moi, c’est Jean-Michel, mais on m’appelle Jean-Mi. Jean-Mi, l’ami des gens.»

Hop, bande-annonce:

C’est dire si j’attends la Liliane moustachue avec impatience.

Je suis d’autant plus impatient que je suis officiellement à trois smacks d’Edouard Baer (j’ai embrassé une fille qui a embrassé un pote qui a embrassé une fille qui a fait un smack à Edouard Baer).

Si on calcule bien je vais donc être, sous peu, à quatre smacks de Jean Rochefort.

L’accomplissement d’une vie.

Lucha Libre

C’est le troisième round et Místico est assez mal barré.

Il est au sol, le “Prince d’or et d’argent”, il halète. Son rival Volador, bras levés, masque sombre, fanatise la foule à grands renforts de roulements de mécaniques.

Místico est maintenant assis sur le ring, sonné. Ses deux coéquipiers observent impuissants la chute de l’idole. Dans quelques instants, c’en sera fini de Místico. Volador interroge le public, on le devine souriant, carnassier, sous son loup noir et argent.

Dois-je démasquer le grand, l’immense Místico ? Dois-je mettre fin à son règne ? semble-t-il demander à la salle qui vibre, reflue, comme une mer agitée de courants contraires. Les insultes fusent: «¡Místico, chinga a tu madre!», lance une adolescente à notre droite, récompensée par le rire bienveillant de toute sa famille.

À la merci de son adversaire, Místico est sans réaction. Les mains de Volador agrippent le bas du masque blanc et or ; ce sont des mains de bourreau. La faucheuse n’a pas de visage ; bientôt, Místico en aura un.

Místico souffre d'une crapuleuse infection du visage.

Pire que la mort, ce sera la souillure.

Ça y est, les serres de Volador se referment sur le tissu argenté. Naïf Místico, qui pense pouvoir éviter l’inévitable en agrippant, désespéré, les poignets de son rival ! Volador n’entendra pas sa supplique, il écoute monter la rumeur qui, autour du ring, dit à la fois la haine et le triomphe. Il lève la tête, plisse les yeux dans la lumière. À cette heure il est roi, il est Dieu, il est tout.

Mais il est au sol.

Comment ses omoplates ont-elle fini leur course sur le ring ? Impossible ! Et où est ce diable de Místico ?? La tête de Volador dodeline, il hébété comme un dieu déchu.

À peine sent-il deux poignes de fer le saisir aux épaules. À peine entend-il des voix, dans le lointain, fêter la résurrection de l’icône moribonde.

Volador valdingue, rebondit sur les cordes, se découpe sur une corde à linge. Il n’a plus prise sur rien, il est balloté par une tornade d’or et d’argent. Soudain, il tombe à genoux. Il n’implore pas grâce. Il sait ce qui l’attend. Il accepte son sort, résigné. La vengeance est légitime.

Místico n’est qu’ire et courroux.

D’un geste impitoyable, il tire à lui le bout d’étoffe. Le visage de Volador apparaît. Il est blond, il est défait, il se sait maudit.

Le public bouillonne, acclame et conspue tout à la fois. Les arbitres lèvent les bras du “Prince d’or et d’argent” et de ses deux acolytes. Et la foule, calmée et repue, se déverse dans les rues de México et la lumière orangée du crépuscule.

Eh bien même si c’est chiqué, c’est quand même rigolo.

(Oué c’était la première fois que je voyais du catch. Sinon dans la soirée y’a eu aussi la présence au milieu des catcheurs d’un NAIN DÉGUISÉ EN TOUCAN. C’était très très très absurbe, j’ai beaucoup apprécié.)

Prochain combat pour Místico ? Une rencontre en duo en compagnie de son alliée Fishman:

LA COLOC DU CATCH.

J’ajoute que j’ai toutafé survécu, que je suis back dans les bacs, et que ce voyage au Mexique était une vaste réussite qui mérite bien une note de 8/10, j’ai vu des pyramides, j’ai vu des églises surchargées, j’ai vu des Christs sanguinolents, j’ai vu le désert, la jungle, la montagne, les villes tentaculaires, les villages indigènes, l’océan Pacifique, et j’ai adoré.

Néanmoins, coquin de lectorat, tu m’as manqué.

Un an après

Lectorat antédiluvien, et toi aussi, lectorat novice, je dois avouer que je suis assez jouasse aujourd’hui.

Je suis jouasse car je suis gloriole de te voir revenir ici à intervalles réguliers alors que tu pourrais plus profitablement picoler, rédiger ton testament, mater l’intégrale du Centre de Visionnage, jouer en Bourse, poser du papier-peint, faire du camping en turbulette, composer des opéras-bouffes ou briguer la présidence de la République.

(Une chose est sûre: on peut d’ores et déjà affirmer, sans trop se hasarder, que le futur président de la République est une personne qui ne lit pas Circonflexions. Ça restreint utilement le spectre des présidentiables.)

Pour les plus anciens d’entre toi, ça fait désormais un an que tu viens ici. Soit l’équivalent d’une rotation autour du soleil, de deux solstices, d’autant d’equinoxes et de douze prélèvements du Trésor public si tu es mensualisé.

E pur si muove.

Maismaismais ne serait-ce pas l’heure d’un premier BILAN ?

(Calmement.)

(Oui, y’a des redites dans mes vannes, mais c’est parce que je suis quasi sénile désormais.)

Je pourrais profiter de cet anniversaire pour faire un portrait-robot de toi, avec force renfort de pourcentages, de statistiques, de Google Analytics, de données sur ta localisation, ton navigateur oueb, ta résolution d’écran, ton groupe sanguin et la longueur de ton intestin grêle une fois déplié et étiré.

Mais ce serait chiant.

Je préfère donc me contenter de noter que tout du long de cette année écoulée, coquin de lectorat, tu as été affublé de maintes épithètes variées et louangeuses. Un peu comme dans l’Iliade et l’Odyssée d’Homère où Ulysse est toujours “aux mille ruses” et Hélène “aux bras blancs”, même si j’avoue que pour être complètement raccord avec ce bloûg il aurait fallu qu’Homère soit borgne et non aveugle ; NÉANMOINS je te ferais dire que dans l’Odyssée le cyclope Polyphème finit borgne ET aveugle, comme quoi c’est pas inconciliable bordel.

(Oui, j’ai fait du latin et vite fait du grec jusqu’en terminale au lieu de draguer les filles. En même temps j’étais en S, y’avait très très peu de filles aussi, donc je me suis rattrapé après. Il faudra à l’occasion que je te parle de la Théorie de la promo des anciens moches.)

Donc, tout plein d’épithètes pour te qualifier, décrire, flatter, fidéliser, flagorner vilainement. J’ai fouillé tous mes billets et je te les ai listées, afin que tu voies combien tu as été “coquin”, “affable” et “espiègle” depuis un an.

FLORILÈGE (quel joli mot):

Tu as été d’une curiosité débordante:
lectorat musardeur
lectorat indiscret
lectorat flâneur
insatiable lectorat

Tu as été affectueux et magnanime:
bon lectorat
charitable lectorat
bienveillant lectorat
fidèle lectorat
cher lectorat

Tu as été d’une élégance rare:
joli lectorat
aimable lectorat
lectorat distingué
succulent lectorat

Tu as été d’une plastique impeccablement sculptée par la pratique régulière d’une activité de maintien en forme suivant l’adage sanitaire manger-bouger:
sémillant lectorat
pétulant lectorat
bouillonnant lectorat
frétillant lectorat
fringant lectorat

Tu as été fripon, on ne va pas se le cacher:
coquin de lectorat
espiègle lectorat
lectorat filou

Tu as été un peu tout et n’importe quoi, aussi:
lectorat émotif
lectorat allergique
lectorat désabusé
lectorat antédiluvien (pas plus tard qu’il y a trente lignes)
lectorat novice (itou)
lectorat fin et pénétrant
lectorat angoissé et un peu pervers
lectorat plébéien
lectorat féru de faits divers dégoulinants

Et, au final, tu as été heureux:
affable lectorat (3 occurrences, tu es d’une putain d’affabilité)
lectorat amusé

Tu l’auras compris: pour mon prochain billet, je te parlerai donc de mon petit béguin pour le Dictionnaire de synonymes de l’université de Caen avec qui j’aimerais vivre une passion destructrice et fougueuse.

(Mais auparavant, comme je t’en avais parlé , je vais aller jouer les centaures trois semaines sac au dos au Mexique, aussi si je ne poste pas d’ici mi-décembre considère que j’ai refait ma vie avec une narcotrafiquante à poncho qui embrasse très bien. Bisous de là à là.)

Edit 29/10 vers 01h00: juste avant d’être confondu par les ayatollahs du Bled, j’ai rectifié une vilaine faute que j’avais commise, honte sur moi: “épithète” est bel et bien un mot féminin – contrairement à “sanibroyeur” ou “borborygme”. Allez donc savoir pourquoi.

Le point du LOL.

Pas plus tard qu’il n’y a pas longtemps, affairé à pérégriner sans but sur l’internet, j’ai fait un constat que je qualifierais de spectaculairement clairvoyant.

Chez l’internaute jeune et branché, tout énoncé un peu LOL comporte un point final, définitif, sans appel. Un point qui insiste, à l’instar de l’impassibilité faciale chez l’Anglais pince-sans-rire, sur l’ironie de l’affirmation ci-ponctuée.

That is really a pretty silly walk.

Du type:

« La pédophilie est la faute des enfants sexys. »

Alors qu’on attendrait plutôt un point d’exclamation, qui viendrait assurer au lectorat et à la justice des hommes qu’on est bien dans le domaine de l’humour et non dans l’apologie du tripotage contraint de prépubères. Eh bien non. Le point final est là pour laisser planer ce doute affreux, rigole-t-on, rigole-t-on pas.

C’est, à mon sens, s’adresser à l’intelligence de son lectorat que de laisser planer ce doute-là. (Et je sais, quant à moi, avoir un lectorat particulièrement fin et pénétrant, en tout cas suffisamment pour ne pas se laisser prendre à ce genre de basses flatteries destinées à le fidéliser à grands coups de cirage de là à là.)

Ainsi le point, que les Anglais nomment parfois “dot” comme s’ils voulaient marier leur fille, devient de fait point du LOL (je viens de l’inventer), c’est-à-dire point(e) d’ironie, comme il y a des points d’honneur, des points Godwin ou des points éphémères (rien à voir).

Sur Twitter, par exemple, toute mini-biographie un peu coolos prend forcément la forme d’une affirmation absurde et péremptoire ponctuée d’un point final. Comme ici, ici, , ou , ou encore et ici (je triche, le dernier c’est bibi. Est-ce à dire que je suis un internaute jeune et branché ? L’HISTOIRE JUGERA.)

Alors que dans l’absolu, on pourrait très bien s’en passer de ce point final-là, il est vraiment mis uniquement pour faire joli. C’est donc un POINT DU LOL.

Sur l’internet, on opposera volontiers le ponctueur pondéré, avare en points d’exclamations et généreux en allusions piquantes (BIEN), au ponctueur frénétique, qui parachève gaiement tous ses mails/statuts facebook/messages twitter d’une jungle exclamative (PAS BIEN).

Façon: « La pédophilie est la faute des enfants sexys !!!!!!!!! »

On attend, on guette d’une seconde à l’autre le «lol mdr XD», qui, chez le frénétique du point d’exclamation, appuie grassement la vanne. Un peu comme le Tonton rigolo qui, à la fin des fêtes de famille, jalonne ses allusions grivoises de clins d’oeil extrêmement ringards.

Voilà, l’abus du point d’exclamation, c’est toute la ringardise d’un Tonton rigolo bourré.

Desproges l’a dit mieux que moi:

Le goût, enfin, que nous avons gardé pour la bonne bouche, c’est bien le moindre hommage à lui rendre, peut être considéré comme le plus distingué des cinq sens. Au reste, il fait généralement défaut chez les masses populaires où l’on n’hésite pas à se priver de caviar pour se goinfrer de topinambours ! On croit rêver !! C’est pourquoi je fous tout à coup des points d’exclamation partout alors que, généralement, j’évite ce genre de ponctuation facile dont le dessin bital et monocouille ne peut qu’heurter la pudeur.
Pierre Desproges, Dictionnaire superflu à l’usage de l’élite et des bien nantis

Le point d’exclamation est une ponctuation facile, tout est dit.

Ce n’est pas un hasard si son abus est souvent recensé chez le Kévin.

(Le Kévin est une figure bien connue de l’internet. Le Kévin est adolescent, a une syntaxe approximative et ne dispose d’aucun second degré. Le Kévin a un skyblog criard et apprécie les Dédipix. Parents, n’appelez JAMAIS votre enfant Kévin. Kévin is the new Régis – qui était un con, rappelons-le.)

De même, je n’aime pas trop les voleurs, les fils de pute et les gens qui foutent partout des points de suspension tronqués (ou des points finaux dédoublés, je n’ai jamais vraiment su), un peu comme si je n’osais pas trop finir ma phrase.. Mais que je voulais quand même la finir.. Que j’hésitais.. Tout en insupportant vilainement mon lectorat.. Qui aimerait savoir si c’est pas bientôt un peu fini bordel à cul.. HAN CHOISIS MIEUX TA PONCTUATION, MANGE TES MORTS ET CESSE DE NOUS LES BROUTER.

(Mais je m’emporte.)

N’est-ce pas quelque peu nazi de ma part (bam ! Point Godwin), n’est-ce pas quelque peu nazi de ma part, disais-je, que de séparer arbitrairement les ponctueurs pondérés des ponctueurs pas pondérés, vouant une admiration aux premiers et les seconds aux gémonies ? (ceci, mon bon Kévin, est un zeugme. Tu m’en copieras dix pages.)

J’m'en vas t’le dire bien rondement: NON.

C’est juger bien vite son prochain, oué ok, mais c’est le prochain qui a commencé aussi. La mauvaise ponctuation me pique les yeux, comme l’after-shave du jeune requin en costard me pique les narines matutinalement dedans les couloirs du métropolitain.

Et ce qui vaut pour la ponctuation vaut pour l’orthographe. On va pas jouer les ‘Nard Pivot arc-boutés sur notre Bescherelle, mais si tu me piques les yeux de tes phrases à la syntaxe approximative, je risque de vouloir à mon tour qu’on te pique. Oui, la piqûre. Comme aurait fini Fifou, le chien que je n’ai jamais eu car j’étais allergique et que de toutes façons je préfère les chats.

(Auxquels je suis allergique itou.)

Oui, je sais. Tout le monde gnagna pas la chance gnégné études supérieures gnigni échec scolaire gnougnou pauvreté misère Restaus du Coeur. Ca va, hein, sur internet je ne vois que ta manière d’écrire, c’est un peu ta carte de visite, comme ton apparence extérieure dans la vraie vie du dehors, alors si tu ne respectes pas mes yeux, pourquoi voudrais-tu que je te respecte ? (Oué je dénonce.)

Revenons au point du LOL.

C’est quand même curieux cette épidémie de points finaux chez l’internaute branché. Un peu comme s’il cherchait à tout prix à se distinguer de la masse des Kévin, et à être reconnu des Loleurs select. Parlerais-je de «Ponctuation ostentatoire» pour faire zizir à Pierrot Bourdieu? Eh bah oui, rien à fout’, je suis un déglingo un peu.

Je finirai ce billet en y mettant, comme de raison, un joli point final.

Les objets précieux

« Oui, effectivement, on a un appartement de 70 m2 à côté de la Tour Eiffel, mais c’est parce qu’on a une collection d’objets précieux. »

Rassure-toi, lectorat plébéien, cette phrase n’est pas de moi.

(Tu peux donc remiser ta fourche vengeresse ou ton irascible piochon de sans-culotte assoiffé de haine régicide contre l’aristocrate poudré, car je suis moi-même très peuple.)

Cette phrase fut benoîtement prononcée par un ami d’ami, trader de son état, en réponse à ma bien naïve remarque: « Ah, vous habitez à Bir-Hakeim, votre appart’ doit pas être très grand du coup. ».

J’en ai vite conclu, car j’ai la déduction fulgurante et le corollaire expéditif, que lui et moi n’étions pas du même monde. Même s’il avait bon fond hein, ce brave trader, et qu’il a insisté pour nous payer un dernier verre, non pas dans le petit bar de quartier que chacun imaginerait à l’évocation d’un «dernier verre», mais… à l’hôtel George V.

L'Hôtel George V, une bicoque sans prétention

Palace parisien. Grooms en livrée. Fauteuils en cuir, serveur à gants blancs, bibliothèque garnie d’incunables. Et pis bam, la vodka à 25 euros.

(Eh bah quoi qu’on en dise, c’est pas meilleur à 25 euros.)

Aussitôt rentré dans ma colocation (du coeur) sur une porte de l’Est parisien, soit pas vraiment Bir-Hakeim, je raconte la belle anecdote à ma colocataire (du coeur). Laquelle a le bon goût de se marrer comme une bossue à l’évocation des «objets précieux» susnommés.

(«Se marrer comme un bossu» est mon expression-gimmick de la rentrée. Y’a pas de raison que les borgnes soient les seuls à s’en prendre plein la tronche.)

Minutes (papillon) de la réunion du Conseil de colocation informel convoqué ce soir-là:

Au terme d’un Conseil de Colocation Informel convoqué et réuni ce soir en notre appartement sis sur une porte de l’Est parisien, il est établi:
- que la notion de «collection d’objet précieux» est vraiment très LOL ;
- qu’il serait dommage de ne pas détourner ce concept à notre sauce, en collectant les objets les plus moches et les plus hétéroclites pour orner notre salon ;
Le Conseil, réuni en séance informelle, a donc statué:
- que serait créée une Collection d’objets précieux (COP) en la Coloc du coeur ;
- que ces objets, rapportés de partout dans le monde où les hasards de la vie et des vacances nous mèneraient, nous et nos amis, ne coûteraient pas plus de 5 (cinq) euros pièce ;
- que les objets choisis seraient les plus moches, kitschs, frustes et de mauvais goût possible, tout en faisant à chaque fois l’objet (hu hu) d’une anecdote rigolote justifiant leur intégration pleine et entière dans la COP ;
- qu’à terme, il devrait être fait l’acquisition d’une vitrine pour exposer la COP, mais qu’à titre temporaire, la cheminée du salon de la Coloc du coeur ferait une parfaite Zone d’exposition de la COP (ZECOP).

Motion adoptée à l’unanimité des colocataires.

À ce jour, la collection compte pas moins de 16 pièces toutes plus admirables les unes que les autres. Le monde entier nous les envie. Le British Museum fait le forcing pour obtenir en prêt ces petites pépites. Quant à Frédo Mitterrand, il souhaitait en faire le clou des Journées du patrimoine.

Je l’ai poliment mais fermement renvoyé à ses jeunes boxeurs thaïs.

Qu’y trouve-t-on, dans cette collection d’objets précieux? demanderas-tu, maintenant que je t’ai planté le décor avec un sens de la contextualisation qui ferait l’admiration de tous si je ne lui joignais pas une tendance à la digression qui me vaut parfois de perdre un peu le fil de mon propos, tiens d’ailleurs au passage je ne t’ai pas présenté mes plus plates excuses pour n’avoir pas trop pris le temps de bloûguer ces derniers temps, je suis décidément d’une inqualifiable inexactitude. C’est pourquoi, pour me faire pardonner, je fais un très long billet ce coup-ci afin d’adoucir par une bonne vieille tartine les éventuelles envies de désabonnement de mon RSS que tu pourrais manifester, lassé à bon droit de voir ton widget Circonflexions implacablement figé dans un silence sépulcral qui en deviendrait presque inquiétant si tu ne me savais pas, par ailleurs, d’une santé de fer à l’épreuve de la grippe saisonnière, des excès de libations et des caprices du climat de cette fin d’été (des amis).

C’est toujours très bon une tartine. Mais foin de digression.

LA COLLECTION D’OBJETS PRÉCIEUX EST DONC COMPOSÉE À CE JOUR DES PIÈCES SUIVANTES (suis avec les numéros).

La collection d'objets précieux.

1. Une fausse fleur en plastique avec ses fausses boules de houx, rehaussée d’un faisceau de fibres optiques qui brille de mille feux aux couleurs de l’arc en ciel moyennant un investissement dans une modique pile LR6.

2. Un fanion Michelin, rappelons qu’il s’agit d’une colocation d’Auvergnats, on est un peu obligés d’être cocardiers hein. Le peuneu, le peuneu, toute la beauté d’un radial bien rainuré, toute une ville qui vit au rythme de Bibendum. Enfant, à la maternelle, au lieu de faire rouler un cerceau dans la cour de l’école, mes camarades et moi faisions rouler de vieux pneus (anecdote très Cosette mais parfaitement véridique).

3. Bon, la photo est très mal cadrée (je suis l’un des trois pires photographes du monde, avec deux photographes roumains parfaitement incapables), mais il s’agit d’une boule à neige de Paris, avec le Sacré-Coeur, le Moulin-Rouge et l’Arc de Triomphe réunis sur fond fuchsia. De toute beauté.

4. Une boule à neige trois-en-un magique qu’on nous a rapportée de Montréal: une feuille d’érable en plastique argenté au centre + un clignotement multicolore dès que tu secoues le bidule + un faux air de lampe plasma coolos.

5. Une peluche de chien arboricole. C’est parce qu’à l’époque, ce chien était perché en haut d’une petite plante en pot qu’on avait, mais qui est morte de sa belle mort, sèche et rabougrie comme une octogénaire par temps de canicule. Donc le chien est descendu de l’arbre (et non pas, comme certains naturalistes le prétendent, du loup), de même que les trois fausses pommes vertes en plastique (clin d’oeil chiraquien, total respect Jacquot, les petits juges ne t’auront pas) qu’on peut voir un peu plus à droite.

6. Une reproduction de la place Saint-Pierre de Rome en résine bleue à paillettes qui change de couleur quand il pleut. Sans doute une de mes pièces préférées pour la splendeur du concept (rapportée d’Italie par ma coloc). Et puis c’est bien plus joli qu’un bête baromètre.

7. Un petit santon à l’effigie d’un pénitent andalou mais qu’on pourrait prendre pour un membre actif du Ku Klux Klan (c’était l’idée). Car, comme tu le sais, je suis retourné à Grenade au printemps, histoire de faire le bilan – calmement. Il est mignon, le santon, il dispose d’un tout petit bâton pour les pogroms.

8. Une vierge fluo de Fatima, au Portugal, qui veille sur nous, notamment la nuit ou les jours de coupure d’électricité. « Une statuette ? Ou bien un cierge ? Avec la vierge fluorescente, épatez vos amis en choisissant le deux en un. »

9. Une montre en faux diamants et rubis “Le Temps des Cerises” sur son coussin de satin blanc. Non, elle ne fonctionne pas. C’est donc officiellement un bibelot en forme de montre.

10. Un crayon-iguane déniché au Costa Rica par ma coloc. C’est à dire que c’est un crayon genre en simili-branchage, avec un iguane en résine collé dessus et peint à l’arrache au pochoir. Le tout ferait hyper bien dans une trousse Fido-Dido personnalisée au tipex (t’as connu ?), mais pas forcément dans un contexte professionnel («On commence l’interview, Monsieur le ministre ? Attendez, qu’est-ce que j’ai fait de mon crayon-iguane ?»).

11. Une photo de mon visage sur le corps de Barack Obama, offerte par ma petite soeur pour la Noël (j’ai flouté, j’assume peu). C’est vraiment de toute beauté et j’ai les mains très bronzées.

12. Des mini-sabots en porcelaine, de la taille, disons, d’un taille-crayon, d’un dé à coudre ou d’un micropénis de pygmée. Rapportés de Hollande, ils ont longtemps servi à caler le combiné de notre téléphone sur sa base, sans quoi ledit combiné refusait de se charger ce qui nous plongeait dans la consternation et le désespoir les plus profonds. Les sabots ont retrouvé leur place dans la collection lorsque je leur ai substitué, sur l’insistance de ma colocataire, un mètre-ruban de couturier qui cale parfaitement le combiné sur sa base. Et puis c’est pas tous les jours qu’on a besoin de mesurer des tours de poitrine aussi (quel dommage).

13. Un presse-papier en verre abritant un bouc en trois dimensions. Splendide objet rapporté d’Irlande, où se déroule tous les ans la Fête du Bouc, présentée comme la «plus ancienne fête d’Irlande» alors qu’en fait c’est une simple foire agricole où ils vendent des pièces pour tracteurs et des tronçonneuses flambant neuf. Je m’en faisais toute une fête, j’imaginais de grandes réjouissances celtiques au doux son du fifrelin, bah non: c’est tir au pigeon et auto-tamponneuses sur fond de Black Eyed Peas. Heureusement, pour faire couleur locale, ils couronnent un bouc et ils le hissent en haut d’un mât histoire que tout le monde le voie. Long live the puck.

14. Une petite cuiller en plaqué-argent à l’effigie de Son Altesse Royale Charles d’Angleterre, Prince de Galles. Le haut est évasé pour faire tenir les oreilles. Si cet homme devient roi un jour, ce sera pas mal la classe de manger des yoghourts avec sa cuiller.

15. Une bûche. Oui, une bûche, en vrai bois qui brûlerait si on la mettait dans un feu (ce dont Dieu nous garde). Enfin, pas n’importe quelle bûche, car il s’agit d’une bûche qui est dédicacée par Simon, patron du bar La Patache près de République, où il y a un poêle à bois et où, un soir d’ivresse, j’ai demandé à repartir avec un souvenir. J’avais l’air fin avec ma bûche dans le taxi.

16. (caché derrière la pomme la plus à droite) un mini-cactus dans un petit pot, qui fut un soir de fête à la maison dépoté à la suite d’une maladresse de ma part, puis rempoté avec succès et force liesse horticultrice.

Voilà.

Et la collection ne demande qu’à s’agrandir, car à chaque fois qu’un ami à nous part à l’étranger ou en province (c’est tout un), nous lui demandons de songer à trouver un joli objet précieux. C’est plus sympa qu’une carte postale qu’on punaiserait dans les toilettes, avouez.

Là, par exemple, si Allah le veut, la collection devrait prochainement s’agrandir d’un objet croate, d’un objet vénézuélien et d’un objet nippo-sino-thaïlandais. On ne tient plus, on en salive d’avance.

Au final, la question qui revient, sempiternellement, à chaque adjonction d’un nouvel objet précieux, est bien sûr la suivante: MAIS QUI A EU L’IDÉE DÉBILE UN JOUR DE FAIRE FABRIQUER UNE VIERGE-FLUO / UN CRAYON-IGUANE / UNE PLACE-SAINT-PIERRE-EN-RÉSINE-BLEUE-À-PAILLETTES-QUI-CHANGE-DE-COULEUR-QUAND-IL-PLEUT ?

On imagine forcément un créatif à catogan dans un bureau vitré avec des plantes:
« Stop, les mecs, arrêtez tout, c’est bon. Je crois que j’ai trouvé. On va créer un PRESSE-PAPIER AVEC UN BOUC INCRUSTÉ À L’INTÉRIEUR. »
« Han, formidable, patron ! Mais comment faites-vous pour être aussi fécond ? »
« C’est un don. »

Droit de réponse

Aimable lectorat, promis, c’est la troisième et dernière fois que j’encombre tes flux RSS de mes divagations supralabiopileuses (comprendre: moustachues), mais on m’a fait parvenir quelques précisions concernant la Journée internationale de la moustache.

Quand je dis «on», je parle bien entendu de l’un des désormais légendaires participants de vendredi dernier (coucou à lui).

Ouvrons donc nos colonnes – et nos guillemets:

« Dans votre billet De la moustache comme paroxyme de la coolitude, vous revenez avec force détails sur la genèse de la première édition de la Journée de la moustache.

Vous citez un collègue en qui je trouve quelque ressemblance avec wam qui s’inscrit en faux, dites-vous, à votre appréciation de Tournée: “Un film où ledit Mathieu Amalric porte la moustache comme un impeccable dandy. Plus qu’un film d’ailleurs, une ode à la pilosité faciale.”

Mathieu Amalric est un impeccable dandy.

Je n’ai jamais contesté cela, puisque vous ne l’avez point dit. Ce qui m’a fait réagir – et j’aimerais que vous en convenassiez avec moi -, c’est votre stupide statut sur Facebook du 7 juillet: “Grâce à Tournée, Amalric succède à Jean Rochefort en tant que “stache la plus cool du monde.

Je maintiens: le personnage d’Amalric n’a rien de cool, pas même sa moustache.

Je vous saurai gré de bien vouloir porter cette mise au point à la connaissance de vos honorables lecteurs, qui ont droit à la vérité nue.

A défaut, je me réserve la possibilité d’engager tout recours aux fins de faire rétablir la stricte vérité des faits.

Veuillez prendre note au passage que votre rigueur intellectuelle qui vous fait confondre dandy et cool est d’une faiblesse qui frise l’indigence.

Amts, best rgds et toutes ces sortes de choses »

Merci de ces éclaircissements.

Je conviens en effet que c’est ce statut Facebook qui vous a fait perdre tout votre sang-froid.

Je note avec satisfaction que vous ne démentez absolument pas que j’aie, dans ce statut, bel et bien évoqué Mathieu Amalric et non son personnage de fiction Joachim Zand. Personnage passablement antipathique, c’est admis et il n’y pas là matière à débat.

De la même manière, j’ai évoqué Jean Rochefort comme précédent détenteur du titre de “stache la plus cool du monde”, et non son personnage Etienne Dorsay par exemple. De la même manière, John Cleese est tout à fait flippant en sergent-instructeur spécialiste de l’autodéfense fruitière, mais cet acteur a une classe naturelle qu’il nous appartient de saluer.

Que vous vous soyez mélangé les pinceaux entre Amalric et Zand est néanmoins compréhensible: l’acteur a lui-même admis les parallélismes qu’il pouvait y avoir entre sa personnalité et son personnage, qui porte d’ailleurs le nom de sa mère, Nicole Zand. Sachez que je ne vous en tiens pas rigueur (-intellectuelle, -indigente) et que je vous absous de cette bien pardonnable méprise.

BISOUS et à tout à l’heure à le travail.

Voilà voilà.

Si tu as lu ces private jokes jusqu’ici, persévérant lectorat, je me dois de te récompenser par une INFO PEOPLE: j’ai appris d’un témoin oculaire que le sympathique Jean Dujardin porte lui-même de splendides moustaches ces temps-ci dans Paris ; malgré les critiques mitigées, ça me donne d’autant plus envie d’aller voir Le Bruit des Glaçons vu que j’aime:
-Le sourire carnassier de Dupontel
-Les histoires déglinguées
-L’humour très très noir.
(Oui, on a les infos people qu’on peut.)

De la moustache comme paroxysme de la coolitude

Comme annoncé dans mon précédent billet, vendredi était officiellement le MOUSTACHE DAY.

Ma lèvre supérieure personnelle était munie pour l’occasion d’un duvetage du meilleur aloi, à l’issue de trois bonnes semaines de privation de rasoir, car à l’instar de l’hirondelle et du boa je suis peu pileux (note l’effort de planification).

Moustaches et mini-mugs

Cette première édition de la Journée internationale de la Moustache fut un incontestable succès, puisque pas moins de cinq personnes au total se sont pointés à la rédac’ nantis de ce bel attribut viril vénéré dans plusieurs cultures orientales et qui agrémente à peu de frais les faciès les plus renfrognés.

Pourquoi diable le MOUSTACHE DAY ? demanderas-tu, car personnellement l’idée de ressembler à Papa Schultz te paraît saugrenue (ach so).

Le MOUSTACHE DAY est né dans nos cerveaux féconds à la sortie du film Tournée de Mathieu Amalric. Un film où ledit Mathieu Amalric porte la moustache comme un impeccable dandy. Plus qu’un film d’ailleurs, une ode à la pilosité faciale.

Sauf qu’un de mes collègues et néanmoins ami s’inscrivait en faux.

Joachim Zand est tout sauf cool, éructa-t-il par messagerie interne, non sans écorcher au passage le nom du personnage incarné par Matthieu Amalric (l’impeccable dandy).

J’ai maintenu mon propos, ami de la vérité (et de la contradiction gratuite) que je suis.

Mon interlocuteur a alors dégainé l’arme du défi, comme un gant jeté à ma face barbue-de-trois-jours que nulle moustache ne chamarrait encore: «Le 15 août prochain, tout le monde en moustache, on verra qui est cool et qui ne l’est pas.»
«Le 15 août je peux pas, je serai en vacances», objectai-je, considérant en outre et en mon for intérieur qu’il était très malséant d’arborer des bacchantes le jour même de l’Assomption de Notre Dame la Vierge Marie, dont la Bible ne nous signale pas qu’elle ait arboré la stache à l’heure de monter aux Cieux.
«Eh bah le 20 août, alors.»
«Vendu.»

Voilà pourquoi ce vendredi-là, plutôt qu’un autre, était particulièrement chatoyant au niveau supra-labial.

D’ailleurs, comme le souligne avec à-propos le tumblr du jour, tous les grands hommes du monde portent la moustache.

Un proverbe allemand, pioché sur Viquipédia, nous apprend en outre que « Ein Kuss ohne Schnurrbart ist wie Suppe ohne Salz », c’est-à-dire qu’« un baiser sans moustache est comme une soupe sans sel » d’où, notamment, tout le sel de la série Papa Schultz où un gros plein de soupe à moustache se faisait baiser en beauté.

Conclusion que je tire de ce Moustache Day: porter la stache est hyper coolos, attendu que c’est délicieusement second degré, parfaitement inattendu et notoirement vintage.

Du rire, de l’imprévisibilité, du suranné, bref, une réussite.

(Oh, je le devine, il se trouvera des esprits chagrins pour n’être pas d’accord et multiplier les arguties jusqu’à plus soif. Auquel cas, pour trancher, nous organiserons une Journée internationale du débat sur la journée internationale de la moustache.)

Au passage, pour appuyer mon propos, voici une liste non exhaustive de tous les gens qui sont coolos en moustache:
-Jean Rochefort, l’immuable élégance.
-Jason Schwartzman, la placidité fantasque.
-Johnny Depp, la virevoltance baroque.
-Vicente Del Bosque, la bonhomie victorieuse.
-Thierry Henry, la jeunesse moderne.
-John Cleese, l’absurdité pincée.

Pour conclure, une petite anecdote: vendredi soir, toujours en moustache, j’ai apéroté en bord de canal avec quelques amis, dont l’une est d’origine asiatique et me maintient, à chaque fois qu’elle me croise, que j’ai le faciès d’un tartare, d’un mongol, bref un mec vivant sous une yourte quoi (c’est la seule personne au monde à le prétendre, et de plus, quand on se croise elle a souvent bu).

Ressemblance renforcée, m’assura-t-elle vendredi, par le port de la stache.

Le cousin Gengis

On ne va pas se mentir, à part les pommettes un peu saillantes éventuellement, je n’ai pas grand chose de commun avec le très compréhensif Gengis Khan ci-dessus, à commencer par les yeux bof bridés (tiens, un petit LOL Inception au passage). Et vu ma généalogie, déséspérément auvergnate, je dois pas avoir beaucoup de chromosomes qui ont caracolé à longueur de steppes.

De deux choses l’unes: soit cette demoiselle se moque, soit je fais effectivement partie des millions de descendants de Gengis Khan. Lequel pensait pis que pendre de ses futurs rejetons, selon l’historien persan Rachid al-Din:

« Nos descendants se vêtiront d’habits dorés, mangeront des mets gras et sucrés, monteront d’excellents coursiers, presseront dans leurs bras les plus belles femmes et oublieront qu’ils nous le doivent. »

Bien vu Gengis, je pense rarement à toi au McDo.